Conduire avec une démence : l’expérience d’une personne malade Octobre 2010
Échos d'ailleurs
James McKillop (Alzheimer Ecosse), décrit d’une façon très détaillée l’impact de la démence sur la capacité à conduire, et comment on lui a retiré son permis une veille de Noël. Son médecin traitant n’avait jamais prononcé le mot démence, et sa femme n’avait pas conscience de ses capacités déclinantes. Il écrit : « c’est un coup amer de perdre son permis. Votre mobilité est remise en question. Vous perdez votre liberté de partir quand vous le voulez. Vous perdez votre indépendance. Vous devez vous en remettre à d’autres. Vous pensez que vous gênez lorsque vous demandez et vous devenez réticent à ennuyer des personnes qui ont d’autres choses à faire. Vous pouvez vous sentir infantilisé et pris pour un enfant qui commence à marcher. Cela peut être humiliant et démoralisant. Si vous avez de la chance, vous sortez quand elles l’ont décidé, mais vous êtes à leur merci. Après toutes ces années, vous ne digérez toujours pas d’être un passager. Quand je m’asseois dans une voiture, je « conduis » toujours. Je suis un très mauvais passager et voyager me fatigue, parce que je ne peux pas arrêter de regarder la route. Mes pieds enflent en conduisant. Pourquoi les deux pieds ? L’embrayage et le frein imaginaires ! Je peux anticiper les manœuvres des autres conducteurs, et je sais quand ils vont tourner, même s’ils ne le signalent pas. Je pense que je peux toujours conduire, laissez-moi une chance !». James McKillop milite pour un permis restreint, par exemple à la conduite de jour, aux routes secondaires, à la ville où l’on habite, à un rayon donné de sa maison, ou à une certaine plage horaire. Après sept ans passés à vivre avec la maladie, il reste plein d’amertume : « j’adorerais conduire de nouveau, même sur un circuit automobile lorsqu’il n’est pas utilisé, dans un champ, sur une route forestière ou sur une plage de sable ou de galets. Aller chercher ce qu’il faut pour continuer à vivre comme avant. La famille, les amis peuvent proposer de m’emmener en voiture. Mais ya-t-il une autre alternative à la conduite ? ».
Dementia in Europe, septembre 2010.