Conditions d'âge : une injustice pour les malades jeunes Mars 2010

Société inclusive

Date de rédaction :
01 mars 2010

A Auray (Morbihan), Hervé Esnouf est fatigué de se battre contre « une injustice légale ». En 2001, son épouse, enseignante, est atteinte de la maladie d’Alzheimer à l’âge de cinquante ans. L’évolution a été foudroyante, explique-t-il. « Quatre ans après le début de la maladie, mon épouse était déjà au dernier stade. Elle est aujourd’hui grabataire, sans plus aucune lucidité. À seulement cinquante-huit ans ». Devant le « terrible engrenage », Hervé a dû se résoudre à un placement en établissement spécialisé. « Une obligation, pas un choix ! Ce n’est jamais un plaisir de se décharger, mais à un moment, on met sa propre santé mentale en jeu ». La facture s’élève à vingt-six mille euros par an, ce qui représente 90% de la retraite de la personne malade, et l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) n’est pas attribuée au-dessous de l’âge de soixante ans. L’association France Alzheimer locale dénonce, dans Ouest-France, cette injustice liée à l’âge de la personne malade. « On prend tout son argent, plus nos économies », soupire Hervé. « Et je continue à payer sa part d’impôts sur le revenu et les impôts fonciers, car nous sommes propriétaires de notre maison. Je ne dis pas que les établissements d’accueil sont trop chers. Ils méritent cet argent et ils manquent aussi de moyens. Il n’est pas question non plus que la caisse d’allocation familiale paie la totalité. Simplement, il faudrait une cohérence au niveau des aides. Dans notre cas, l’aide personnalisée au logement (APL) se chiffrerait à quatre-vingt-dix euros sur les deux mille deux cents euros que l’on paye par mois ». Dix ans de la vie des Esnouf ont été « mis entre parenthèses » : « à un moment où on aspirait à vivre des jours paisibles, mon épouse et moi, cela nous est tombé dessus. Les enfants étaient grands, on avait quelques sous de côté pour voyager… Tout s’est envolé avec la maladie. J’ai perdu mon emploi car j’ai dû m’occuper d’elle. Et se remettre sur le marché du travail à cinquante-six ans n’a pas été simple. On ressent d’autant plus fort les injustices. Mon épouse n’a pas choisi de tomber malade si jeune ».

www.pontivy.maville.com, 17 février 2010.