Compétences clandestines
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Un groupement d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) proches de Rodez (Aveyron) a mis en place un portfolio valorisant les compétences « clandestines » des employés les moins diplômés. En une dizaine de pages, le salarié résume son histoire, son parcours professionnel, puis il décrit son activité au cours d’une journée habituelle de travail. Dans un tableau, il liste ses activités et compétences, ses savoir-faire et savoirs théoriques, et les résultats obtenus dans chaque situation de travail (par exemple, pour un aide-soignant réalisant le coucher d’un résident, l’avoir aidé à passer une bonne nuit, dans des conditions de confort). Enfin, l’employé exprime ses souhaits pour l’avenir, en termes de partage avec ses collègues, de transmission à de nouveaux arrivants, et de formations pour lui-même. Ce système a permis de reconnaître des « compétences clandestines » du personnel, qui n’étaient pas connues de la direction ou de l’encadrement. Claire Bouloc, responsable des ressources humaines du groupement, les a décrites comme « tout ce qui se trouve autour du travail prescrit et qui le rend bien meilleur ». Jean-Yvon Cabioc’h, responsable reconnaissance et certification au Centre académique de formation continue (CAFOC) de Toulouse, a cité l’exemple de lingères qui, en parallèle de leur activité décrite sur la fiche de poste, font travailler des résidents sur leur mémoire ou animent des ateliers (chant, danse…). Pierre Roux, directeur du groupement, souligne que les agents sont capables « d’inventer au quotidien des solutions pour s’adapter à chaque situation rencontrée », en particulier pour entrer en communication avec les personnes âgées. Il a évoqué une aide-soignante qui plaçait deux verres de café au lait sur une table à côté (et non en face) d’une résidente atteinte de la maladie d’Alzheimer en fauteuil roulant, ce qui n’est pas conforme aux pratiques habituelles, mais s’avérait la seule situation par laquelle elle acceptait de prendre son petit-déjeuner de façon autonome. Ce projet a été présenté aux Universités d’été de la performance, organisées à Lille par l’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux).