Comment respecter le rythme des personnes ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Le respect de la personne et de son rythme, ce n’est pas négociable, c’est un droit », déclare Nicole Poirier, fondatrice de la méthode Carpe Diem au Québec. En France, cette réalité s’est traduite par la notion de personnalisation, dans le cadre de projets individualisés. Mais avec une mission souvent fractionnée de quinze minutes, comment respecter le rythme de la personne accompagnée ? s’interroge Alexandra Marquet, de Doc’Alzheimer, qui consacre un dossier à ce sujet. « C’est le casse-tête auquel sont confrontés les professionnels, qu’ils interviennent à domicile ou en institution. Car force est de constater que ce sont deux rythmes qui s’opposent, avec des soignants qui courent et des seniors qui attendent. Sont-ils pour autant inconciliables ? Non, même si le plus difficile est de parvenir à se détacher de cette planification si pesante. C’est possible, à condition d’avoir le soutien de sa direction qui a le pouvoir de prendre des dispositions. Variabilité et fluctuation sont le lot des professionnels au quotidien. Encore faut-il leur donner la possibilité de s’adapter pour justement respecter le rythme singulier de chaque personne. » Pour la sociologue Laurence Hardy, responsable du centre de ressources Askoria à Rennes, « les interventions à domicile peuvent conduire à de la souffrance de part et d’autre en raison d’interventions trop courtes. Les professionnels trouvent d’ailleurs cet accompagnement insatisfaisant, mais l’organisation du travail ne peut proposer autre chose à ce jour. Dans la loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV), il est prévu une amélioration des droits individuels des personnes en perte d’autonomie. Reste à savoir si cette amélioration sera effective à court terme. »
Doc’Alzheimer. Janvier-mars 2017.