Cognition sociale et conscience des troubles
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Christian Derouesné, professeur émérite à l’Université Paris 6, la maladie d’Alzheimer, bien que d’origine neurologique, est une véritable maladie mentale, car elle altère le travail de la pensée du sujet et modifie ses relations avec lui-même, le monde et son entourage. Les troubles cognitifs et psycho-comportementaux sont deux faces indissociables de cette démence. Selon Pierre Krolak-Salmon, responsable de la commission recherche du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Lyon, certaines maladies neuro-dégénératives, dont la maladie d’Alzheimer, pourraient induire très tôt une altération de la cognition sociale, conduisant à un désinvestissement, voire à de véritables troubles du comportement. Pour Catherine Thomas-Antérion, neurologue et responsable de l’unité de neuropsychologie du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Saint-Etienne, les approches non pharmacologiques de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées sont nombreuses. Il convient d’identifier celles qui ont un lien direct ou indirect avec la cognition, de repérer leur cadre (rééducation, occupation, récréation), de réfléchir à leur impact et leur évaluation. En reconnaissant aux patients atteints de maladie d’Alzheimer toute l’importance de leurs émotions et en permettant leur expression, il est possible d’améliorer les troubles de la mémoire et du comportement, précise l’équipe soignante de l’hôpital de jour Aloïs du Centre hospitalier de Valvert à Marseille. Mais les personnes malades ont-elles conscience de leurs troubles ? s’interroge Agathe Midey, neuropsychologue à la consultation mémoire de l’hôpital de Fourvière de Lyon. La méconnaissance des troubles dans la maladie d’Alzheimer est un phénomène complexe, d’intensité variable selon les patients et au cours de l’évolution de la maladie, impliquant à la fois des mécanismes neurologiques et psychologiques. Et que dit le juge quand la raison s’échappe ? Pour l’avocat Gilles Devers, le propre de l’être humain est de penser, et tout le droit moderne est fondé sur l’idée de cette pensée libre et autonome. C’est dire que la loi n’autorise le juge à entrer sur ce terrain qu’avec beaucoup de prudence.
Santé mentale. Alzheimer et troubles cognitifs. Avril 2009.