Cognition sociale : « C’est ce que je crois ou ce que vous croyez ? »
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La théorie de l’esprit désigne l’aptitude à comprendre l’état mental de l’autre, c’est-à-dire ses croyances, intentions et désirs. Il s’agit d’une fonction qui joue un rôle crucial dans les interactions sociales, qui a d’abord été étudiée dans les pathologies psychiatriques, mais dont les perturbations dans les démences suscitent un intérêt grandissant », rappelle François Sellal, neurologue aux Hôpitaux civils de Colmar. L’équipe de Florence Pasquier, du département de neurologie du CHRU de Lille, s’appuie sur un cadre théorique postulant qu’il existe dans la théorie de l’esprit deux processus distincts : inférer les croyances de quelqu’un d’autre [en tirer des conséquences] ferait appel au cortex temporo-pariétal du cerveau, et inhiber ses propres croyances au cortex frontal droit. Les chercheurs ont mené une étude combinant des tests neuropsychologiques et l’imagerie cérébrale (PET-scan, qui mesure le métabolisme du glucose dans les zones concernées) chez onze personnes atteintes de démence fronto-temporale (forme comportementale), douze personnes atteintes de maladie d’Alzheimer et vingt personnes sans troubles cognitifs, et confirment l’hypothèse de déficits différents dans les deux composantes du raisonnement de la théorie de l’esprit, qui font appel à deux régions anatomiques différentes dans les deux pathologies.
Le Bouc R et al. My belief or yours? Differential theory of mind deficits in frontotemporal dementia and Alzheimer’s disease. Brain 2012; 135(10): 3026-3038. Octobre 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23065791. Neuroscoop, 22 novembre 2012.