Clef, ballon, citron, de Carles Bosch

Société inclusive

Date de rédaction :
16 juillet 2013

La clef, le ballon et le citron sont des objets que la personne malade doit nommer lorsqu’elle passe des tests psychologiques. Pendant deux ans, la caméra de Carles Bosch, réalisateur catalan, a traqué l’évolution des symptômes de la maladie d’Alzheimer chez l’ancien maire de Barcelone, Pasqual Maragall, qui a refusé de se soumettre, et les transformations profondes qui s’opèrent chez l’homme qui oublie. Plus la maladie progresse, plus ses enfants doutent de sa capacité à conduire et retirent les fusibles de sa voiture. Pasqual Maragall se rend au garage et la fait réparer. Il fréquente des chercheurs, s’engage dans une étude expérimentale, met une fondation sur pied. « Pourquoi ne peuvent-ils pas aspirer le bouchon qui nous bloque le cerveau ? », lance-t-il un jour à la caméra. La dure réalité, le caractère incurable de la maladie d’Alzheimer, Maragall s’y refuse. Il s’accroche au moindre espoir de traitement comme à une bouée. Mais la maladie progresse, inexorable. « Le dialogue avec mon père devient de plus en plus difficile », confie son fils après quelques mois. Avant, quand on n’était pas d’accord, on passait à autre chose. Mais là, c’est autre chose. On sait qu’on ne pourra pas revenir en arrière. Lui, il avance à son rythme et ne s’occupe pas de toi. Il a réussi à faire réparer la voiture. On ne peut pas le raisonner. Il n’écoute personne.» «Je ne veux pas me laisser abattre par la maladie. Je veux être libre», dit Maragall. « Certains jours, il ne reste que la tendresse. Parce qu’il oublie », résume admirablement bien une de ses filles.

« Quiconque a vécu de près avec une personne touchée par la maladie d’Alzheimer retiendra ses larmes en observant ces scènes trop familières : un jour, la famille, épuisée, ne reconnaît plus l’être aimé. Les dents du compacteur broient la vieille Ford de l’ancien homme politique, comme ses espoirs de guérison et ceux de toutes les personnes atteintes. Il faut reporter encore un peu l’horizon de possibilités qui débouchera peut-être, un jour, sur un traitement », conclut Amélie Daoust-Boisvert, du journal québécois Le Devoir. Le documentaire a été diffusé le 1er août à 20 heures sur la chaîne de télévision RDI.