« Ces vieux immigrés abandonnés par la raison » (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
11 septembre 2013

Omar Samaoli, gérontologue, docteur en anthropologie et directeur de l’Observatoire gérontologique des migrations en France, écrit : « Comme toutes les années précédentes, le 21 septembre, nous célébrerons la journée mondiale de lutte contre la maladie d’Alzheimer. Et comme tous les ans je reviens aussi avec la même espérance, le même engagement et le même intérêt pour tous ceux qui ont été abandonnés par la raison. C’est-à-dire tous ces gens à qui la maladie a confisqué en quelque sorte les règles de la sociabilité, parfois les plus élémentaires, les condamnant à une dépendance de leur environnement, les privant de toute liberté décisionnaire, de jugement aussi, avec tout ce que nous savons comme risques et comme difficultés auxquelles il faut faire face pour les accompagner. » « Il serait honnête de convenir qu’il n’existe pas encore de traitement qui ferait disparaître la maladie et que la médication aujourd’hui n’a qu’un effet ralentisseur des symptômes. Il y a une profusion de communications et d’informations sur la place publique, de teneur inégale, scientifique ou non scientifique, vérifiée ou non vérifiée, entretenant souvent l’illusion sans mesurer les dégâts ou encore émanant de gens peu scrupuleux qui seraient à même d’exploiter la naïveté ou tout simplement la fatigue des familles qui n’en peuvent plus. C’est en ce sens que je considère que la responsabilité des pouvoirs publics comme celle des scientifiques est engagée et qu’ils ont le devoir d’aller plus souvent encore et avec un langage simple et accessible, à la rencontre d’un public de plus en plus demandeur d’être rassuré, d’être informé et d’avoir des éléments pour vivre ou accompagner cette maladie. C’est avec consternation qu’on observe encore que certaines formes de vulgarisation/sensibilisation se concentrent sur des catégories sociales à niveau intellectuel élevé et qu’elles laissent à la traîne d’autres populations. Il est de notre devoir de réfléchir et de mettre à la disposition de tous nos concitoyens les moyens nécessaires et des outils appropriés tenant compte de leur diversité sociale ou culturelle. Nous ne sommes plus si loin d’une discrimination ou d’une inégalité dans l’accès aux soins, à la prévention et à la prise en compte dans les préoccupations nationales concernant la santé de nos concitoyens âgés en France. »