Caméléon
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Aide-soignant puis infirmière, Isabelle Delcambre a travaillé, pendant six ans, en unité spécifique Alzheimer à Douai. En 2012, elle a pris une retraite anticipée avec le projet de consacrer une partie de son temps libre au baluchonnage (intervention de répit au domicile d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, permettant à l’aidant de s’absenter plusieurs jours, et qui se heurte en France à la réglementation du travail). Elle s’est engagée dans l’association Alzheimer à domicile de Valenciennes, une structure opérationnelle depuis septembre 2006, qui s’appuie sur quatre-vingts adhérents, douze salariés et cinq personnes en volontariat de service civique, et qui a déjà accompagné cinquante-cinq personnes malades. Dans la plupart des cas, l’aidant se sent coupable de devoir laisser la personne aidée. La période de transition est donc essentielle. C’est le moment où le trio se forme. L’ancienne infirmière reste alors en retrait et observe tout : où mange l’aidé, quelles sont ses habitudes… « Faire le caméléon, calquer son attitude tout en sachant que chaque cas est différent » : c’est ainsi qu’elle définit son approche. « Les premières heures sont essentielles pour rassurer l’aidant et créer un lien de confiance avec la personne aidée, qui subit la situation et n’a rien demandé. » Isabelle Delcambre évoque une situation extrêmement compliquée : pendant une semaine, la bénévole a subi l’hostilité d’une vieille dame et a passé son temps à esquiver les gifles. « Dans ce cas précis, je me suis dit que l’intervention était temporaire, que son attitude était liée à sa pathologie, et surtout que l’aidant avait besoin de moi. » Lorsqu’on l’a appelée pour une seconde intervention auprès de cette personne, la bénévole n’a pas hésité une seconde, en ayant toutefois conscience que « la semaine serait difficile », mais que la famille comptait sur elle. Cette seconde expérience s’est bien passée. Chaque année, Isabelle Delcambre accepte six à sept missions. « On a la possibilité de dire oui ou non, il n’y a aucune obligation. »
Doc’Alzheimer, avril-juin 2015.