Buvons, buvons...
Société inclusive
« C’est l’ennui qui prévaut : nos résidents, surtout ceux porteurs d’une maladie d’Alzheimer, se maintiennent à l’écart du flux de la vie, ne sachant pas comment s’occuper. Il n’y a pas assez de “vie” : le personnel d’animation, quand il existe, a des difficultés à satisfaire les personnes, avec absence de convivialité, rivalités entre résidents… L’infirmière est confrontée à des difficultés pour solliciter les résidents à s’hydrater quand on connaît la diminution de sensation de soif à cet âge. L’aide-soignante, qui vit le plus avec le résident, est évidemment confrontée à cet ennui. Quant à l’agent de service hospitalier, il a peu d’occasion de communiquer avec les résidents », écrivent Sophie Neguadi, du service de gériatrie du centre hospitalier de Béziers, et ses collègues de l’hôpital de Bédarieux (Hérault), en charge de soixante-six résidents de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgés dépendantes). « Nous avons créé, à la place d’un lieu inexploité qui servait de réserve “bric à brac”, un bistrot. Il s’agissait de redonner vie à ce lieu sans intérêt, à proximité d’un salon de coiffure et d’esthétique ainsi que d’une grande salle de spectacle. Ainsi, nous avons pu compléter des allures de village » expliquent les professionnels. « Béziers étant la capitale de l’Ouest-Hérault, grande région vinicole, la démarche a été celle de la construction d’un bar à partir de palettes – le bois a été offert par les commerces de Béziers ; des dons de familles et de soignants ont permis d’obtenir le mobilier et de faire la décoration. L’activité a été suivie par certains résidents et il y a eu volonté d’un travail interdisciplinaire soignant. Cette activité créative a abouti, en décembre 2015, à la création d’un bistrot sans alcool, dissuasif vis-à-vis des fréquentations de certains résidents de l’extérieur, et avec volonté d’hydratation non contrainte. L’envie de se mobiliser, de fréquenter le bistrot chaque jour, a ainsi été suscitée. L’ouverture a été facilitée certaines journées par les bénévoles de la Visite médicale des établissements hospitaliers et de la Croix-Rouge. » Pour sept des dix résidents de l’unité d’hébergement renforcée, le retentissement sur la charge en soins, variable mesurée par les soignants, est passée de « modéré » à « allégé ».
Neguadi S et al. Le Bistrot, ou cocktail de bienveillance en EHPAD. Rev Gériatr 2017 ; 42(4) : 251-252. Avril 2017. www.revuedegeriatrie.fr(texte intégral).