Bilinguisme: un facteur protecteur ?
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En Chine, Le Li et ses collègues, du laboratoire clé de neurosciences cognitives à l’Université normale de Pékin, observent en imagerie cérébrale que le volume de matière grise est légèrement augmenté chez les personnes bilingues dans des aires intervenant dans la cognition : ces neurones supplémentaires pourraient fournir une protection du cerveau contre le déclin cognitif. En Inde, Suvarna Alladi et ses collègues, du département de neurologie de l’Institut Nizam à Hyderabad, dans une étude rétrospective portant sur deux cents personnes atteintes de démence fronto-temporale, constatent que la maladie survient six ans plus tard chez les personnes bilingues que chez les personnes monolingues. Cet effet concerne la variante comportementale et non la variante aphasique de la maladie.
Au Royaume-Uni, une méta-analyse de l’équipe de Gill Livingston, de la division de psychiatrie de l’University College de Londres, portant sur un total de cinq mille cinq cents personnes bilingues suivies dans des études prospectives, pointe cependant un biais méthodologique : les études montrant un effet protecteur du bilingualisme sur le risque de survenue d’un déclin cognitif ou d’une démence sont le plus souvent des études rétrospectives (sans contrôle de l’expérimentateur) ; les études prospectives, dans lesquelles les participants sont suivis au cours du temps sous contrôle de l’expérimentateur, ne montrent pas d’effet protecteur probant du bilinguisme sur le déclin cognitif. Pour les auteurs, les études rétrospectives sont plus susceptibles d’être biaisées par le niveau d’éducation des participants, ou par des différences culturelles : les personnes peuvent se présenter plus tard aux centres mémoire (Mukadam et al).
Li L et al. How bilingualism protects the brain from aging: Insights from bimodal bilinguals. Hum Brain Mapping 2017; 38(8): 4109-4124. Août 2017. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/hbm.23652/full. Alladi S et al. Bilingualism delays the onset of behavioral but not aphasic forms of frontotemporal dementia.Neuropsychologia 2017; 99: 207-212. Mai 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28322905. Mukadam N et al. The Relationship of Bilingualism Compared to Monolingualism to the Risk of Cognitive Decline or Dementia: A Systematic Review and Meta-Analysis. J Alzheimers Dis 2017; 58(1): 45-54. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28387680.