Bientraitance : quelle définition opérationnelle ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Le Pr Robert Moulias, du conseil scientifique de la Fédération 3977 contre la maltraitance, et la gériatre Sophie Moulias, du laboratoire d’éthique médicale (EA4569) de l’Université Paris-Descartes, rappellent que la bientraitance, terme initialement issu de la pédopsychologie, « exige quelques préalables : connaître son métier, savoir déceler maltraitances et abus, reconnaître celui dont on reçoit la responsabilité du soin et de l’aide comme une personne à part entière, quels que soient ses déficits, savoir travailler collégialement en équipe, être assez nombreux, et savoir réfléchir avant d’agir ou de ne pas agir. Le soin et l’aide ne sont pas une suite de protocoles que l’on applique avec automatisme, même si disposer de protocoles est indispensable. La bientraitance peut redonner tout son sens à l’aide et au soin, en revaloriser tous les métiers. Dans la bientraitance, il ne peut y avoir de maillon faible. La bientraitance ne dispose pas aujourd’hui d’échelles d’évaluation validées. La bientraitance, subjective, échappe aux échelles de contrôle qualité. La bientraitance joue sur le ressenti. Pour éviter les dérives que l’on voit résulter des définitions trop abstraites ou verbeuses de la bientraitance et de son utilisation pour mieux bétonner le silence sur la maltraitance, certaines définitions de la bientraitance, accessibles à tous ses acteurs, pourraient être proposées. “La bientraitance, c’est le côté positif du facteur humain” ; le sourire du robot restera toujours un peu froid et impersonnel. “La bientraitance, c’est ce qui manque une fois qu’on a répondu à toutes les normes et à toutes les recommandations” ; la bientraitance n’est pas la perfection : chacun peut l’avoir comme but accessible. Et surtout, “la bientraitance, c’est ce qui fait que la dépendance ne soit plus vécue comme une déchéance”. N’est-ce pas là l’objectif principale du care [la prise en soin] ? »
Moulias R et Moulias S. Peut-on définir « maltraitance des aînés » et « bientraitance » de façon opérationnelle ? Rev Gériatrie 2017 :42(3) : 131-132. Mars 2017. www.revuedegeriatrie.fr.