Bénévolat : attention à l’instrumentalisation
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Le bénévolat a toujours existé. Il était traditionnellement la manifestation d’un altruisme désintéressé permettant de se mettre au service d’une cause sans esprit de lucre », écrit Me Etienne Bataille, avocat à la Cour d’appel de Paris, spécialiste du droit social. « Des associations continuent à fonctionner largement sur le principe du bénévolat, et c’est heureux. En revanche, il est apparu que derrière des systèmes d’activité sans contrepartie financière pouvait se profiler du travail illégal au profit d’institutions qui, elles, font des profits. »
Dominique Thierry, président national de l’association France Bénévolat, précise : « en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), quelques règles s’imposent : par exemple, un bénévole ne peut évidemment pas faire des gestes techniques, à plus forte raison, des gestes médicaux ; il n’est pas là non plus pour compenser l’insuffisance de personnel ; ce n’est pas aux bénévoles de faire la vaisselle après le goûter qu’ils ont organisé et animé, même s’ils contribuent évidemment au rangement. En revanche, ils peuvent accompagner les résidents lors de sorties culturelles, car il est absolument impossible d’organiser des sorties sans eux. » Quels peuvent être les risques liés à la présence de bénévoles dans une structure ? interroge Laurenn Gru, journaliste à Doc’Animation. « Nous craignons en permanence les tentatives d’instrumentalisation du bénévole. La baisse des emplois publics, la raréfaction des fonds publics et la mise en concurrence entre les associations entre elles et le secteur privé nous amènent à penser cela. Or un bénévole n’est pas un salarié que l’on ne paie pas. Dans une relation avec un salarié, il y a un lien de subordination, une dissymétrie entre le chef et le salarié. Dans une relation entre un responsable associatif et un bénévole, il y a obligatoirement symétrie. Le bénévole reconnaît l’autorité du responsable, mais à tout moment il peut dire : “au revoir, je m’en vais”. C’est d’ailleurs plus compliqué d’animer sur un rapport égalitaire. »
Doc’Animation en gérontologie, mars-avril 2014.