Beaucoup de personnes âgées ne peuvent pas payer leur maison de retraite : vrai ou faux ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 juillet 2017

Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, promettait, si elle était élue députée du Rhône, de proposer une loi pour plafonner les prix des maisons de retraite, « parce qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes âgées se trouvent à payer plus que leurs revenus et donc ce sont les enfants qui trinquent. » « C’est vrai », confirme Géraldine Woessner, d’Europe 1, « même si l’affirmation mérite d’être relativisée. Sept cent mille
retraités vivent aujourd’hui en institution, cent mille sont autonomes en résidence avec services, 75% des autres sont en établissements médicalisés publics ou associatifs. Un quart des établissements sont gérées par le privé. Et dans les deux cas, les tarifs sont élevés car construits selon trois composantes : soins, hébergement et dépendance. Les soins sont pris en charge par l’assurance maladie, mais la dépendance ne l’est que partiellement avec l’allocation personnalisée d’autonomie, et l’hébergement pas du tout ou très peu. Les aides au logement que peuvent toucher les personnes âgées ne correspondent pas du tout au montant de la facture qui atteint tout de même 2 900 euros par mois en moyenne. La DREES (direction de la recherche, des études et des statistiques a calculé que le reste à charge moyen, une fois retirées toutes les aides, dépasse 1 700 euros. C’est au-delà des ressources courantes d’un retraité sur deux, et c’est sans compter les disparités régionales. À Paris ou Marseille, ce reste à charge explose. » La journaliste ajoute : « un retraité sur deux n’a pas assez de revenus ? C’est énorme ! Attention, le chiffre est trompeur. Car beaucoup de retraités ont un patrimoine supérieur à celui des actifs, qui est donc mobilisé à la fin de leur vie. La question est : comment font tous les autres, qui n’en ont pas ou pas assez ? Et c’est ce que l’on connaît mal. La Justice a reçu l’an dernier six mille demandes d’ascendants qui réclament un soutien financier de leurs familles et cent-seize personnes, les plus pauvres, sont aidées par le département qui règle la facture. Mais combien d’enfants versent volontairement une pension ? On ne sait pas, les impôts ne tiennent pas de statistique, et la première enquête sur la façon dont ces personnes se débrouillent ne sera publiée qu’en 2018. C’est tard et c’est un problème brûlant, car le vieillissement s’accélère, on va manquer de places en établissement. Donc que faut-il faire ? Fixer de nouveaux plafonds, sachant que ça a un coût, et que les tarifs publics sont déjà plafonnés ? Réserver des places aux personnes sans ressources ? Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est un vrai débat. Pour aider votre réflexion, un dernier chiffre : la prise en charge de la dépendance des personnes âgées coûte déjà vingt-huit milliards d’euros chaque année aux finances publiques. »