Bar de nuit
Société inclusive
Dans les années 1980, Germain Harvey dirigeait deux maisons de retraite à Montréal (Québec). L’une d’entre elles était prioritairement réservée aux marins du Saint-Laurent. Parce qu’ils devaient monter la garde, ils avaient besoin de ne pas dormir aux horaires auxquels les autres dormaient. Il a donc aménagé un lieu où du personnel de nuit était présent pour accueillir les insomniaques. En France, se souvenant de cette expérience, le Dr Renaud Marin La Meslée, médecin coordonnateur à l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) La Martinière à Saint-Martin-de Seignanx (Landes), a transposé cette idée dans son établissement en y installant un bar de nuit. Cette initiative est soutenue dans le cadre de l’expérimentation « EHPAD centre ressources » en Nouvelle-Aquitaine. Il explique : « Le bar de nuit correspond à l’espace de vie de l’unité Alzheimer de l’établissement. C’est une unité sécurisée de douze places, qui dispose d’une aide-soignante dédiée la nuit, en plus des deux soignants habituels. Des chambres et un espace de déambulation sont répartis autour d’un lieu de vie où la soignante accueille des personnes qui ont un trouble de l’endormissement. Il faut savoir qu’en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), beaucoup de gens sont couchés pour dormir au plus tard à 20 heures. S’ils dorment huit heures, cela veut dire qu’ils sont réveillés à quatre heures du matin. Et des résidents capables de dormir huit heures d’affilée, il n’y en a pas beaucoup. Lorsqu’ils se réveillent dans un silence absolu, plongés dans l’obscurité, avec pour certains un déficit cognitif léger, ils peuvent rapidement faire une crise d’angoisse. Le bar de nuit n’est ni plus ni moins qu’un espace de réassurance où les résidents peuvent discuter autour d’une tisane. » « Quand je dis que nous avons une soignante dédiée à l’unité, la plupart des gens sont assez étonnés », explique le médecin coordonnateur. « Cela représente, pour ceux qui n’en n’ont pas, la création de 2.2 équivalents temps plein de soignants de nuit. S’il est, à notre échelle, impossible de mener une évaluation médico-économique, je fais le pari que les économies réalisées en termes d’hospitalisations, de chirurgie et de rééducation vont largement compenser le coût des soignantes de nuit.
Mensuel des maisons de retraite, mai 2017.