Baluchon Alzheimer : la figure d’attachement de l’aidant de substitution

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
19 novembre 2013

Frédérique Lucet est psychologue clinicienne, formée en thérapie brève systémique et narrative, et coordinatrice du réseau Euro-Québec pour les solutions de répit aidant-aidé à domicile (Baluchon Alzheimer). Elle écrit : « concernant les solutions de répit, nous ne pouvons plus négliger la question de la séparation, même avec des patients “non communicants” et paraissant “sans émotions”. Car la séparation avec l’aidant et le remplacement non préparé par un substitut non reconnu, un étranger, reproduit involontairement une “situation étrange» avec son cortège d’émotions négatives (anxiété, tristesse, parfois colère) et de réactions comportementales (appels, recherche, pleurs, agitation…). Si l’on rajoute à ces facteurs de stress l’hébergement temporaire dans un lieu également étranger, on démultiplie l’angoisse activatrice du système d’attachement et les comportements perturbateurs qu’il provoque. Le repli, le retrait, le refus de tout contact pourrait en être une grave conséquence. » Le modèle du Baluchon Alzheimer propose de répondre au besoin de répit de l’aidant, en respectant le besoin de stabilité et d’attachement de l’aidé : « au lieu de démultiplier les intervenants, une seule personne remplace l’aidant dans toutes les activités quotidiennes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Cette personne peut alors devenir une référence autant pour l’aidant que pour l’aidé. Les répits étant de préférence longs (quatre jours minimum vingt-quatre heures sur vingt-quatre et jusqu’à quatorze jours d’affilée), la baluchonneuse se positionne avec audace comme une doublure de l’aidant principal, et de ce fait comme une figure d’attachement substitutive, qui saura aussi faire fonction de base de sécurité externe pour le malade. »

Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2013.