Avec les webcams, la famille se rapproche des personnes malades
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
A l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes Jeanne-Bacon de Villers-Bocage (Calvados), un ordinateur et une webcam (caméra informatique) permettent aux résidents de communiquer avec leur famille qui vit au loin, en mode visioconférence. Les animatrices à l’origine du projet ont trouvé un financement de deux mille euros auprès de l’association de familles. Simone G, âgée de quatre-vingt-neuf ans, communique avec ses arrière-petites-filles de trois ans et de dix mois, qui vivent à Tokyo. Le plaisir de voir et d’entendre sa famille a pris le dessus sur sa peur de l’ordinateur. Emile H, dont le fils habite dans le Sud de la France, était arrivé dans l’établissement avec son ordinateur à écran tactile, mais le réseau ne passait pas dans sa chambre. Sa demande a été un moteur pour le projet de l’équipe d’animation. Les résidents disposent chacun d’une demi-heure en toute intimité : l’animatrice lance la connexion puis quitte le salon où est installé l’ordinateur. « Le contact est très nourrissant. Quand la personne sort de la salle, elle est apaisée », constate Cécile Brec, animatrice. L’idée a fait boule de neige auprès des familles. « Les résidents sont fiers d’utiliser les nouvelles technologies, ils nous en parlent », souligne Marie-Sophie Lemasson, animatrice. « Ils s’approprient Internet. Madame Simone G a désormais une adresse e-mail et rédige seule des e-mails à sa famille ». Pour l’ergonomie, la souris est impossible à manipuler quand on souffre d’arthrose : l’ordinateur est donc équipé d’un écran tactile, qui a toutefois des inconvénients : « il faut de la souplesse pour se pencher et appuyer sur les touches à l’écran. Je cherche donc un autre matériel », explique Cécile Brec. « Il faudrait une baguette avec un tampon à son extrémité. Cela serait plus confortable pour tous ». Les demandes informatiques s’étendent et se diversifient : une résidente veut léguer ses biens à Handi-Chiens, et a demandé à l’animatrice de faire une recherche sur Internet. Une nouvelle résidente est arrivée avec son ordinateur portable, et souhaite jouer au Scrabble en réseau. La logistique va-t-elle suivre ? « Nous allons sans doute étendre la période de connexion à la journée entière : l’horaire actuel n’est ni suffisant, ni adapté aux familles en France. Quand tout le monde sera familiarisé avec la procédure, nous laisserons l’ordinateur sans doute à disposition des résidents », explique l’animatrice. « Et si l’autonomie était le vrai bénéfice des nouvelles technologies ? » s’interroge Marie-Suzel Inzé, du Journal du domicile.
Le Journal du domicile, mai 2012.