Audition et cognition : quel lien ?

Frank Lin, du département d’oto-rhino-laryngologie de l’École de Médecine Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, Etats-Unis), s’appuyant sur les données d’une cohorte américaine (Health, Aging and Body Composition) de mille neuf cents personnes âgées de soixante-dix à soixante-dix-neuf ans, montre que 20% sont atteintes d’une perte auditive modérée à sévère, et 38% d’une perte auditive légère. Par rapport à une audition normale, des troubles de l’audition modérés à sévères sont associés à un risque incident de démence augmenté de 55%, neuf ans après le début de l’étude. Des essais cliniques contrôlés et randomisés sont nécessaires pour déterminer si le traitement de la perte auditive peut retarder la survenue de la démence chez les personnes âgées.

Dans un essai contrôlé et randomisé, Lindsey Jorgensen et ses collègues, du département des Anciens combattants américains et du centre d’audiologie de l’Université de Pittsburgh (Pennsylvanie, Etats-Unis), ont placé cent vingt-cinq adultes jeunes, entendant normalement et sans troubles cognitifs, dans des conditions de perte auditive simulée, puis leur ont fait passer le test  cognitif MMSE (mini-mental state examination). Une audibilité réduite diminue la performance apparente au test cognitif. Les auteurs alertent : « des cliniciens pourraient à tort identifier une perte cognitive, s’ils ne sont pas attentifs à une perte auditive du patient lorsqu’ils font passer une évaluation utilisant le test MMSE. De plus, il faut être prudent, lorsque la famille évoque des troubles de la mémoire chez la personne malade, de diagnostiquer une démence sans prendre en compte les troubles auditifs : l’impression de la famille peut être fondée sur une interprétation erronée des effets de la perte auditive.

Deal JA et al. Hearing Impairment and Incident Dementia and Cognitive Decline in Older Adults: The Health ABC Study. J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2016, 12 avril 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27071780.