Assurance dépendance : un choix par défaut
Société inclusive
« Sur le papier, c’est la solution idéale pour affronter le risque de perte d’autonomie quand le patrimoine n’est pas à la hauteur ou lorsqu’on souhaite le préserver pour ses héritiers. L’assurance dépendance permet en effet de recevoir une rente, d’un montant défini à l’avance, si l’assuré devient dépendant, et ce jusqu’à la fin de sa vie », écrit Eric Leroux, du Monde. Les cotisations sont relativement faibles par rapport aux montants garantis : à soixante ans, il faut compter environ 80 euros par mois (110 euros à partir de soixante-cinq ans) pour obtenir 1 000 euros mensuels en cas de dépendance. « Mais qui dit assurance dit fonds perdus : si la personne décède sans avoir subi de perte d’autonomie, ses héritiers ne récupèrent rien. Surtout, ces contrats sont décevants à plus d’un titre. Non seulement ils sont d’une complexité rare, mais le versement des fonds reste soumis à de nombreux paramètres. Ainsi, selon la définition de la dépendance retenue, une personne peut être reconnue dépendante par les services sociaux pour recevoir l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), mais cela ne suffit pas aux assureurs pour accepter de verser la prestation. En ce qui concerne la progressivité, les contrats qui spécifient intervenir dès la dépendance partielle ne se déclenchent en réalité que pour les pertes d’autonomie les plus lourdes. Les conditions des contrats sont rédigées de telle sorte que les prestations peuvent ne jamais être versées. Par exemple, en appliquant le critère de « consolidation », les assureurs paient lorsque l’état de santé est stabilisé. Or celui d’une personne âgée dépendante a tendance à se dégrader sans être jamais consolidé. La dépendance constitue un risque pour les assureurs, qui s’engagent à payer des rentes à vie, sans savoir combien de temps cela durera. D’où des tarifs susceptibles d’augmenter fortement en cours de contrat : l’assuré doit subir ces augmentations, ou accepter de réduire ses garanties. »