Architecture : quel lien avec le projet de vie ?
Échos d'ailleurs
Le bâti influence directement les conditions d’existence des résidants de maisons de retraite. Didier Salon, co-auteur avec Colette Eynard de l’ouvrage Architecture et gérontologie, regrette que la commande architecturale soit trop souvent déconnectée du projet de vie, et qu’il n’y ait pas assez d’aller-retours entre les directions d’établissement, le personnel et les architectes. « Après la réforme tarifaire de 2001, il y a eu une période de bouillonnement intellectuel où les établissements réfléchissaient au lien entre projet de vie et architecture, cherchaient de nouvelles idées. Aujourd’hui, les choses sont plus figées. La période est à la représentation d’un modèle normalisé, les projets sont plus formatés, avec un cahier des charges archi connu qui limite les possibilités et laisse peu de place au sensible. La normalisation s’avère être un garde-fou, mais qui en même temps rabote l’innovation », explique-t-il. Pour l’architecte suisse Cyrus Meskat, « hésiter sur un ascenseur supplémentaire, c’est parfois prendre le risque de laisser les résidants faire la queue à l’heure du déjeuner, et de mobiliser des soignants pour rien ». Pour Sarah Delattre et Valérie Lesprez, du Mensuel des maisons de retraite, qui publient un dossier sur l’architecture des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), bien souvent, les architectes n’ont plus grand-chose à dire une fois leur lieu conçu. « Les maîtres d’ouvrage font souvent barrage, et nous n’avons pas toujours l’occasion d’expliquer nos choix à ceux qui vont y travailler. Or, si le personnel n’a pas saisi ce que nous avons conçu, c’est 50% qui tombe à l’eau », regrette l’architecte Yann Brunel.
Le Mensuel des maisons de retraite, mai 2009.