Anticiper : être préparé aux à-coups et aux mauvais coups

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Date de rédaction :
16 mai 2013

Armelle Debru, professeur d’histoire de la médecine à l’Université Paris Descartes, rappelle l’étymologie du terme « anticiper », formé sur le latin ante-capere, qui signifie « saisir d’avance » comme en grec (pro-lambanein). On dit en français :« prendre les devants » : un mouvement physique de projection, dont l’avancée se situe dans l’espace, mais aussi dans le temps. « Qu’a-t-il de particulier ? Dans le cas de l’espace (en avant) ou du temps (en avance), on part de l’endroit et du moment où l’on est. Anticiper n’est pas rêver ou imaginer. Cet acte mental, ancré dans le présent, est marqué du sceau du réel. On anticipe le futur proche ou plus lointain, les étapes qui vont suivre ; on peut anticiper le possible, le probable (pas seulement l’inéluctable), mais jamais la pure fiction ». Mais, ajoute Armelle Debru, « s’il faut se préparer à ce que cela arrive, sont-ce vraiment des choses dont nous devons nous emparer ? Quand on dit “prendre les devants”, on ne donne pas vraiment d’indication sur le contenu. Il y aurait donc une saisie possible, mais sans objet défini. C’est pourquoi un langage comme celui des annonces trop précises nous laisse terrassés. Anticiper serait donc plutôt une attitude, celle qui assure et rend fluide le passage du temps, voire même de ses à-coups et mauvais coups. Il suffira d’être préparés à les saisir, un peu penchés en avant, pour qu’ils ne nous cognent pas trop violemment en survenant ».

Debru A. Le sens des mots: Anticiper. www.espace-ethique-alzheimer.org/newsletter/newsletter16.html#sensdesmots, juin 2013.