Anticancéreux (1)

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Date de rédaction :
18 janvier 2012

La maladie d’Alzheimer est associée notamment à une élimination réduite de protéine amyloïde du cerveau, un processus normalement facilité par l’apolipoprotéine E, impliquée dans le transport sanguin du cholestérol. Chez la souris, l’administration orale de bexarotène, un médicament autorisé en France pour le traitement de cancers de la peau, permet d’éliminer la protéine amyloïde soluble en quelques heures à travers un mécanisme dépendant du système ApoE, la plaque Abêta-amyloïde étant réduite de plus de 50% en trois jours. De plus, le bexarotène a rapidement renversé le déclin cognitif, le retrait social, le déficit olfactif et a amélioré le fonctionnement des circuits neuronaux. Révolution thérapeutique ?  Les auteurs de l’étude, publiée dans Science (la première revue scientifique mondiale) envisagent évidemment ce scénario. « Il y a en réalité peu de chances pour que leurs observations encourageantes débouchent rapidement sur un traitement miracle », tempère Tristan Vey, du Figaro, qui a interviewé le neurobiologiste Luc Buée, directeur de l’unité Inserm « Alzheimer et tauopathies ». Le bexarotène est très toxique, et il n’est pas évident que l’administration prolongée d’un tel produit soit autorisée par les autorités sanitaires : « la maladie d’Alzheimer est très grave, mais elle n’est pas aussi foudroyante que les cancers traités avec du bexarotène ». D’autre part, rien ne permet d’assurer que cette molécule pourrait franchir la barrière hémato-encéphalique chez l’homme, et si toutefois elle y parvenait, « la disparition des plaques amyloïdes ne garantirait pas le rétablissement du malade ». Des traitements immunologiques agissant sur ces plaques n’ont pas permis de restaurer les capacités cérébrales de personnes très atteintes : « une fois que les neurones sont morts, il est déjà trop tard ». 

Cramer PE et al. ApoE-Directed Therapeutics Rapidly Clear β-Amyloid and Reverse Deficits in AD Mouse Models. Science, 9 février 2012. www.sciencemag.org/content/early/2012/. Le Figaro, 10 février 2012.