Annoncer la mauvaise nouvelle dans la culture noire africaine

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Date de rédaction :
16 mai 2013

Pour Didier Ouédraogo, professeur de philosophie au département de recherche en éthique de l’Université Paris-Sud 11, « le contexte anthropologique de la tradition négro-africaine offre des points de contact et les ruptures avec la modernité, avec les schémas occidentaux de pensée et de pratiques médicales. Il permet de prendre en compte les notions de diagnostic, de pronostic et de recevoir le verdict émanant d’autres instances (par exemple du devin) dont les savoirs faire relèveraient d’appartenances non objectives, mais non moins réelles. Cette diversité des ancrages du sens contribue à donner aux dispositifs préalables à l’annonce de la mauvaise nouvelle une forte charge d’interprétation. Elle se trouve désormais soumise à des représentations qu’en fait la société », où chaque personne présente et impliquée par l’annonce a une obligation à assumer, en fonction de la place et du rôle que chaque sujet est appelé à jouer au sein du groupe social. « La prise en compte de ces espaces multiples où le temps se laisse se défaire par une annonce patiemment assumée, devient propice à l’élaboration d’un sens déjà supporté par les proches. Ce faisant, une telle annonce convoque notre grandeur et notre faiblesse au sein d’un temps éprouvé et partagé », écrit Didier Ouédrago. « En effet, « la maladie ne s’est jamais intéressée à la pierre. Elle choisit toujours l’homme » (proverbe africain), c’est-à-dire ce qu’il y a de plus haut. C’est pourquoi l’annonce de la mauvaise nouvelle doit conserver toute cette dimension de hauteur ». 

Ouédrago D. Annoncer la mauvaise nouvelle. Apport transculturel. www.espace-ethique-alzheimer.org/ressourcesdocs_ethiquesoins_ouedraogo_annoncermauvaisenouvelle.php, juin 2013.