Animateurs : la place du jeu
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« L’homme n’est tout à fait homme que là où il joue », écrivait Friedrich Schiller dans ses Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme. Cedric Gueyraud, directeur au Centre national de formation aux métiers du jeu et jouet, à Lyon, réfléchit à la place du jeu en institution. Il distingue deux grandes orientations : « celle qui place le jeu au centre des apprentissages et où il n’est qu’un prétexte pour stimuler des fonctions sociales, cognitives ou motrices : le jeu éducatif et/ou thérapeutique ; celle qui l’entend comme un moment privilégié de détente où le plaisir du jeu est recherché pour lui-même et que nous nommons jeu libre. Si le jeu thérapeutique a son intérêt, il est peut-être davantage le support d’autres professions que celles de l’animateur, comme celle de psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, rééducateur… Et, s’il est facile de saisir l’intérêt du jeu thérapeutique et éducatif, il est moins évident de justifier celui d’une séance de jeu libre. Derrière cette notion, se cache l’absence d’obligations et de contraintes imposées par le personnel encadrant. Le joueur est alors libre de choisir son jeu, d’y participer ou non, voire même de se retirer en cours de partie… » La réponse des joueurs questionne l’animateur meneur de jeu : « la maladie d’Alzheimer peut mettre à mal une situation de jeu, et très vite se présenter comme un défi où chacun des acteurs risque de s’épuiser. Epuisement du professionnel à être garant du cadre, de la règle, de la motivation des participants, mais aussi épuisement des patients à maintenir leur attention et à exercer les compétences exigées par le support de jeu. Le jeu serait-il l’objet d’un public privilégié et obéissant ? Nous recherchons trop souvent dans la maladie la responsabilité des difficultés que nous rencontrons à mettre en place une bonne situation de jeu, alors que nous devrions davantage questionner notre organisation, le choix de nos supports et notre propre positionnement ».
Doc’Alzheimer, juillet-août-septembre 2012.