Angleterre : le paiement au diagnostic des généralistes remis en question
Échos d'ailleurs
En Angleterre, les services nationaux de santé (NHS) avaient introduit en octobre 2014 une incitation financière de 55 livres sterling (69.62 euros) pour tout diagnostic supplémentaire de la démence par les médecins généralistes. Les autorités voulaient introduire « une rupture fondamentale » pour apporter de l’aide et des soins à trois cent mille personnes de plus. Devant le feu nourri des critiques, à la fois des médecins et des associations de patients, ce « paiement au diagnostic » (cash for diagnosis) sera abandonné après mars 2015, annonce Alzheimer Europe. Dans une lettre au British Medical Journal, les leaders de la contestation déclarent : « aider les personnes atteintes de démence à accéder à un diagnostic est un objectif louable, mais les moyens pour y arriver doivent être fondés sur une éthique solide. L’introduction d’une incitation financière au diagnostic constitue une rupture du contrat national avec les médecins généralistes et crée un précédent dangereux, qu’il faut reconsidérer d’urgence : le processus de diagnostic est unique dans la relation médecin-patient, parce que le patient doit avoir confiance en son médecin. Il est extrêmement difficile pour les patients de remettre en cause son diagnostic ; ils ne peuvent pas choisir de renoncer à un diagnostic, comme ce serait le cas pour un programme de dépistage, par exemple. Il faut donc être absolument sûr que les médecins n’ont pas d’autre motivation que les meilleurs intérêts du patient quand ils posent un diagnostic. Un financement direct comme celui proposé sape cette confiance qui doit être inhérente à la relation médecin-patient. » Les contestataires ajoutent : « les patients pouvant être atteints de démence sont particulièrement vulnérables, en raison des difficultés cognitives liées à la maladie. De plus, le diagnostic est une évaluation clinique subjective, ce qui signifie qu’il existe une réelle possibilité de poser un diagnostic erroné. Apprendre un diagnostic de démence est déjà difficile lorsque le diagnostic est correct, mais être stigmatisé à tort peut avoir des conséquences réellement tragiques. Cette mesure peut procéder de bonnes intentions, mais elle a dépassé une ligne qui ne doit jamais l’être, et contrevient aux bonnes pratiques médicales. La réaction du grand public à cette histoire montre une inquiétude généralisée devant une mesure non éthique, et nous demandons le retrait de cette mesure sans délai. »
Alzheimer Europe Newsletter, décembre 2014. McShane M. Too many people with dementia are denied the care they need. Nurs Stand 2014; 26(29): 32-33. http://rcnpublishing.com/doi/pdfplus/10.7748/ns.29.13.32.s42. Brunet M et al. www.bmj.com/content/349/bmj.g6666. www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/health-news/55-dementia-diagnosis-scheme-sets-dangerous-precedent-claim-doctors-9842028.html.