Amour, de Michael Heineke (5)
Société inclusive
« Comment c’est l’amour à la fin, quand la vie vous lâche ? » interroge Isabelle Régnier, du Monde. « Les films qui vous ravagent avec une telle force sont rares. Il faudrait les voir sans rien en connaître au préalable. En sachant tout au plus ce qu’en savent leurs premiers spectateurs, en festival, quand rien n’a encore filtré. En l’occurrence qu’Amour est un film de Michael Haneke, qu’il se confronte à la fin de la vie. C’est déjà beaucoup. Trop sans doute. L’association de ce sujet, de ce titre, et de ce cinéaste autrichien qui a toujours traqué la propension de l’homme à nier l’existence de ses semblables, à asphyxier en lui-même toute forme d’émotion, a de quoi nourrir d’atroces fantasmes – et détourner les spectateurs des salles. Aussi sans doute est-il préférable de lever un petit peu le voile, ne serait-ce que pour mettre les choses au clair : Amour est un film immense, un de ces films qui touchent à ce que l’humanité a de plus intime et de plus tragique ; qui vont chercher les larmes au tréfonds de votre être, vous laissent pantelant pendant un bon moment après en être sorti. Si son sujet – la mort en action, qui peut aussi être compris comme une définition du cinéma – pousse le cinéaste plus loin qu’il n’est jamais allé dans l’exploration de la souffrance, il s’aventure aussi sans frein sur le terrain de la douceur, pour célébrer la toute-puissance du sentiment ».
www.lemonde.fr, 23 octobre 2012.