Amour, de Michael Heineke (3)
Société inclusive
En mai 2012, Pascal Mérigeau, du Nouvel Observateur, écrivait : « Le projet du film n’est pas de réunir le plus grand nombre possible de spectateurs ; c’est d’une ambition de créateur qu’il s’agit, Haneke a désiré ce sujet, qui soulève nombre de questions de mise en scène : comme le dit à un moment le personnage interprété par Jean-Louis Trintignant, certaines choses ne méritent pas d’être montrées, au cinéaste de décider lesquelles, à lui de savoir jusqu’où il doit aller, à quel moment il est tenu de s’arrêter, cela aussi fait d’Amour une œuvre passionnante. Une œuvre d’une beauté sombre, et éblouissante pourtant, sublimée par le génie d’un acteur que seule la proposition de Haneke a décidé à sortir de sa retraite et qui plus jamais n’apparaîtra sur un écran de cinéma. À pas comptés, Jean-Louis Trintignant s’en est allé, chapeau bas. Tant que les festivals sauront montrer des films comme celui-là, ils auront raison d’exister. Qui tient le cinéma pour un art ne peut passer à côté du film de Michael Haneke ». « Le spectateur est placé dans l’inconfort », souligne Mehdi Omaïs, de Metro. « À voir absolument pour son couple d’acteurs, mais un film éprouvant », écrit Didier Flori, du Nouvel Observateur. « Alors que le personnage d’Emmanuelle Riva devient de plus en plus diminué, jusqu’à ne plus pouvoir s’exprimer que par des cris de douleur, le spectateur enfermé dans l’appartement est obligé de partager le calvaire interminable vécu par le couple. Haneke a certes le courage de traiter sans détour de la douleur qui peut précéder la mort et du supplice de voir souffrir l’être aimé. Mais le spectacle de ces moments difficiles qui confinent parfois à la cruauté (comme une gifle donnée par désespoir) devient pénible pour le spectateur, d’autant plus que la mise en scène austère du réalisateur n’offre aucune échappatoire » : « Amour est donc un film fort mais qui laisse une impression mitigée, la mise en scène distanciée de Haneke posant finalement problème ».
www.metrofrance.com, www.lefigaro.fr, 23 octobre 2012. Le Nouvel Observateur, 21 mai et 22 octobre 2012.