Amour, de Michael Heineke (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 octobre 2012

Michael Heineke a construit graduellement le récit, en allant souvent dans les hôpitaux « pour se documenter, pour parler avec les médecins, les infirmières, les éducateurs qui s’occupent des victimes d’attaques cérébrales ». « La société d’aujourd’hui a pratiquement évacué l’âge et la souffrance dans les hôpitaux et les homes pour personnes âgées. Tout se passe loin du regard des plus jeunes, alors que jusqu’à la seconde guerre mondiale tout se passait au sein de la famille. Cette situation nouvelle fait naître nombre de problèmes moraux. Tout le monde se trouve un jour ou l’autre assailli par cette mauvaise conscience créée par cette impossibilité d’aider. Pour aider réellement, il faudrait pouvoir changer de vie, c’est généralement impossible. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de faire vivre la fille du couple (Isabelle Huppert) à Londres », explique le réalisateur. D’entrée, il n’y a pas de suspense. On sait que la femme est morte. Pourquoi ? « Ce n’est ni le but ni le thème », explique le réalisateur. « Le vrai sujet de ce film réside dans la question suivante : comment gérer la souffrance de quelqu’un qu’on aime ? On sait donc dès le début comment ça se termine. Je ne voulais pas créer de fausse tension mais plutôt m’intéresser aux différentes étapes précédant le point de non-retour ». Le huis clos était une évidence : « il est normal, en cas de maladie, que la vie se réduise à quatre murs. Le thème abordé est complexe et je voulais une forme un peu rigide pour cela ».

www.metrofrance.com, 23 octobre 2012.