Amour, de Michael Heineke (1)
Société inclusive
Le portrait intimiste d’un couple âgé, où la femme est frappée par une attaque cérébrale (que certains journalistes assimilent à la maladie d’Alzheimer), est le sujet du film Amour, de Michael Heineke (Films du Losange), qui a obtenu sa deuxième Palme d’or au Festival de Cannes 2012 et le prix du meilleur film au Festival international de Durban (Afrique du Sud). « Anne se retrouve à demi paralysée. Bientôt, elle le sera totalement. Mais dans ses derniers mots, elle demande à Georges de lui faire une promesse. Celle de ne jamais l’envoyer à l’hôpital. Alors, dans un sublime acte d’amour, de dévotion et de respect, il se met à son service dans leur appartement parisien cossu. Jour et nuit, dans les tâches les plus essentielles, il est à son chevet. Jusqu’au sordide », écrit Ouest-France. Heineke « signe ici ce qui est peut-être son film le plus humain, comme s’il avait enfin fait exploser cette pudeur qui l’a souvent empêché d’exprimer ses sentiments. Il met toute sa science du réalisme dans la restitution du quotidien de ce couple d’exception. Du sentiment sans sentimentalisme, de l’émotion sans mièvrerie, de la réalité sans voyeurisme ». « Le cinéaste autrichien évoque notre propre mortalité à travers la déchéance des corps et des esprits. Amour emprunte la voie du huis-clos pour dessiner une subtile parabole sur les heures qui passent, pansent et oppressent. Dans ce récit sans pathos ni complaisance, d’une miraculeuse sobriété (émotionnelle), les silences s’entendent, la violence du quotidien crève le cœur et la déconstruction du couple achève. Une Palme d’or et d’amour portée par une mise en scène au cordeau et deux comédiens d’exception », écrit Mehdi Omaïs, de Metro. Mais la rédaction du quotidien est partagée : pour Jérôme Vermelin, « c’est clinique, carré, froid comme une expérience scientifique dont Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva sont les vénérables cobayes. Leur tête à tête réserve quelques jolies scènes, comme lorsque surgit la maladie, au détour d’un petit déjeuner. Le reste du temps, la retenue de la mise en scène empêche toute implication du spectateur. La maladie est brutale, cruelle. Certes. Mais pourquoi nous interdire à tout prix de pleurer ? Voire de rire un tout petit peu devant l’absurdité de l’existence ? À force de distance, aussi élégante soit-elle, Maître Haneke ne suscite qu’une lente mais solide frustration. C’est peut-être, et même sans doute le but recherché. Le spectateur, averti, a le droit de passer son chemin. »
www.metrofrance.com, 23 octobre 2012. Ouest France, 24 octobre 2012. www.filmsdulosange.fr/fr/film/9/amour.