Amour, de Michael Haneke Juin 2012
Société inclusive
« A l’approche de la mort, Georges (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva) ne cherchent pas d’autre secours que leur amour », écrit Thomas Sotinel, du Monde. « Il n’y a pas d’au-delà pour ces mélomanes professionnels. Elle a été professeure de piano ; lui, on ne sait pas trop, un intellectuel, sans doute, à en juger par les rayonnages de livres. Ils croient en l’art, en la raison. Mais Anne ne peut plus jouer de piano, la musique se tait peu à peu. Le jeune pianiste leur rend visite, sa peur panique face à la condition d’Anne met les vieillards dans une sainte colère. Cette bataille n’a qu’un temps, elle est perdue d’avance : vaincue par des accidents circulatoires à répétition, Anne sombre dans la démence, pendant que Georges organise la solitude, écartant tous les importuns quelle que soit leur légitimité. Eva, la fille (Isabelle Huppert, qui se tient très légèrement en retrait), comme les infirmières, comme les concierges à la sollicitude envahissante. A sa fille, Georges dit : « Ça se passera comme ça s’est passé jusqu’ici. Ça ira de mal en pis. Ça durera, et puis un jour ça sera fini. » Quand Anna lui demande : « Que dirais-tu si personne ne venait à ton enterrement ? », Georges répond : « Rien, probablement. » L’ironie sèche de Trintignant, décuplée par le timbre de sa voix, a déclenché un éclat de rire comme on n’en a rarement entendu dans le Théâtre Lumière. Le film a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes. « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? » a dit Jean-Louis Trintignant, citant un poème de Prévert. « Plaidoyer pour l’amour à mort, en forme de chronique à huis clos de la fin de vie », écrivent Gérard Lefort et ses confrères de Libération. « Traitée sans pathos, avec réalisme, cette œuvre bouleversante sur un couple d’octogénaires, professeurs de musique à la retraite, confrontés à la maladie et à la dépendance, concrétise l’engagement que le cinéaste autrichien a pris avec sa femme de ne jamais se quitter, s’ils venaient à se retrouver en semblable situation », écrit Jean-Claude Raspeingeas, de La Croix. « La fin brutale et inattendue de ce film relancera sans doute le débat sur l’euthanasie ».Le film « démontre les limites supportables dans un couple confronté à la maladie et à la fin de vie » : « le mari finit par tuer sa femme et son geste est évidemment un sujet délicat, même s’il n’est pas une incitation à l’euthanasie », écrit Charles Martig, directeur de la section cinéma du Centre des médias catholiques en Suisse alémanique. Il recommande toutefois aux lecteurs de La Croix d’aller voir ce film.
www.lemonde.fr/festival-de-cannes/, 21 mai 2012. http://next.liberation.fr/,www.franceinfo.fr/cinema/, 27 mai 2012. www.la-croix.com/, 28 mai 2012.