Amour, de Michael Haneke (1)
Société inclusive
Olivier Drunat, chef de service de psychogériatrie à l’hôpital Bretonneau de Paris, prend exemple du film Amour, de Michael Haneke (Palme d’Or à Cannes et Oscar du meilleur film étranger en 2012) pour analyser le « suicide à deux ». « Bon nombre de spectateurs ont vu dans le geste de Georges (Jean-Louis Trintignant) la preuve d’un amour « indicible », « inoxydable » pour Anne (Emmanuelle Riva). Comme dans le mythe de Philémon et Baucis, un couple âgé hébergeant à leur insu les dieux Zeus et Hermès, ils font le vœu de vivre toujours ensemble et de n’être séparés que par la mort. La récompense de leur générosité fut de s’éteindre ensemble et d’être transformés en un arbre dont le tronc unique se sépara en deux têtes, un chêne et un tilleul ». Dans le film, « les regards extérieurs sont jugés indésirables car ressentis comme péremptoires, voire humiliants ». Georges « ne supporte plus la trop longue descente vers les enfers de la dépendance. Il supprime l’image de la déchéance en souvenir de l’objet idéal, l’âtre aimé. Il la tue. C’est un meurtre. Il disparaît et l’on suppose qu’il se suicide ». L’auteur rappelle que les homicides-suicides constituent les actes les plus violents et les plus dramatiques pour les familles et l’entourage. Sans survivant, pas de réponse possible. Les effets sont traumatisants sur l’entourage. La justice est contournée et ne joue plus son rôle expiatoire ».
Drunat O. Suicide à deux : quand Amour et Haine ne font pas bon ménage ! Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2013 ; 13 : 121-123.
www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1627483013000299.