Alcool et troubles cognitifs
Recherche
Séverine Sabia, du département d’épidémiologie et santé publique de l’University College de Londres, et leurs collègues de l’Unité INSERM U1018 de Villejuif et de l’hôpital Sainte-Périne de Paris, ont étudié l’association entre la consommation d’alcool au milieu de la vie et le déclin cognitif ultérieur chez plus de sept mille personnes âgées en moyenne de cinquante-six ans, suivies pendant dix ans (cohorte Whitehall II). Chez les hommes, aucune différence dans le déclin de la mémoire n’est observée entre ceux qui ne boivent pas, les anciens buveurs et les buveurs légers à modérés. En revanche, les gros buveurs montrent un déclin de la mémoire et des fonctions exécutives plus rapide que les buveurs modérés : une consommation d’alcool supérieure à 36 grammes par jour (3.6 verres de vin de 10 cl à 12°) est associée à un déclin plus rapide de tous les domaines cognitifs. Cette différence correspond, selon les tests, à l’équivalent d’un vieillissement cognitif de 1.5 à 6 années supplémentaires. Par exemple, un gros buveur de cinquante-cinq ans aurait un déclin cognitif comparable à celui d’une personne de soixante-et-un ans. Chez les femmes, une consommation modérée d’alcool (0.1 à 9.9 g/l) a au contraire un effet protecteur. L’impact d’une forte consommation n’a pu être évalué chez les femmes, car trop peu d’entre elles buvaient de grandes quantités d’alcool, même s’il semble qu’il y ait un déclin plus rapide des fonctions exécutives chez celles buvant plus de deux verres d’alcool par jour. Les chercheurs estiment qu’ « il est peu probable que boire avec modération soit délétère pour le vieillissement cognitif. »
Sabia S et al. Alcohol consumption and cognitive decline in early old age. Neurology, 15 janvier 2014. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24431298. AFP, Le Monde, 16 janvier 2014. www.nlm.nih.gov/medlineplus/videos/news/Middle_Age_011614-1.html, 16 janvier 2014.