Aide à domicile : la professionnalisation crée de l'inflation
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
L’association d’aide à domicile Prodessa, dans le Jura, qui emploie sept cents salariés, dont quatre cent cinquante pour l’aide à domicile, a accumulé un déficit de quatre cent cinquante mille euros en 2008 et 2009. Josiane Rota, la directrice de l’association, explique que le coût réel des prestations était de 20.28 euros/heure d’intervention en 2009, alors qu’elles ont été facturées 19.50 euros/heure aux usagers, à perte pour l’association, afin de limiter le reste à charge, l’allocation personnalisée d’autonomie couvrant 17 euros/heure. Pour tenter de rétablir son équilibre financier, Prodessa a décidé d’augmenter ses prix facturés de 7.7%, passant à 21 euros/mois. « Cette hausse pose un problème moral et financier, les ressources des personnes âgées étant souvent limitées », déplore Josiane Rota, « mais nous assumons notre tarif réel, qui correspond à un niveau de qualité revendiqué » : plus de la moitié des salariés de Prodessa sont diplômés (diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie sociale ou d’aide médico-psychologique, BEP carrières sanitaires et sociales…) contre 24% au plan national. « Cet effort de professionnalisation, via la validation des acquis de l’expérience (VAE), a été rendu nécessaire par la complexité croissante des interventions et implique une valorisation des salaires. Nos salariées n’effectuent pas seulement des tâches ménagères, mais un véritable accompagnement de personnes de plus en plus dépendantes ».
Anne-Marie Camilli Ternisien, directrice du centre de gérontologie clinique de la Fondation Léopold Bellan à Magnanville (Yvelines), constate elle aussi un niveau d’exigence supérieur : « il y a une vingtaine d’années, on acceptait encore que, pour des personnes âgés qui vivaient relativement isolées chez elles, la toilette ne puisse pas être faite tous les jours, et que leur alimentation soit moins équilibrée. Maintenant, c’est terminé. Et les médecins prescrivent beaucoup plus de soins à domicile qu’ils ne le faisaient il y a dix ans ». Elle s’interroge sur le caractère durable de cette évolution compte tenu du déficit de l’Assurance maladie.
La Gazette Santé-social, février 2010.