Aidants malades

Betty Crierie, de Silver Springs (Maryland, Etats-Unis), âgée de quatre-vingts ans, s’occupe depuis cinq ans de son mari Leonard, atteint de la maladie d’Alzheimer, avec difficulté : « parce que cela arrive lentement, vous ne vous rendez pas compte que cela peut devenir grave », explique-t-elle. Sa fille Linda raconte comment le niveau de stress est monté chez sa mère : « ce qui était frustrant, c’est que nous voulions qu’elle ait un peu d’indépendance, un certaine qualité de vie. Mais s’occuper de son mari était pour elle un devoir de vie ». Pendant quatre ans, Betty a rarement demandé ou accepté l’aide de sa famille. Elle s’est inscrite à un groupe d’aidants. A la dernière réunion, elle a senti une douleur dans la poitrine, qui s’est aggravée pendant les dix minutes en voiture pour rentrer chez elle. Elle a appelé les services d’urgence : crise cardiaque. Pour Steven Zarit, professeur de gérontologie à l’Université de Pittsburgh et pionnier de l’évaluation du fardeau de l’aidant, « les conjoints sont aujourd’hui plus âgés et se trouvent confrontés à leurs propres limitations de santé. Ils sont tentés de faire plus que ce qu’ils peuvent raisonnablement faire ». Le cas de Betty Crierie est un exemple classique : s’occuper de son mari de plus en plus dépendant, essayer de protéger ses enfants du fardeau, refusant de faire appel à une aide extérieure, jusqu’à l’épuisement et à l’attaque cardiaque. Sa fille Linda reconnaît : « nous ne nous sommes pas rendus compte de tout ce qu’elle faisait jusqu’à ce que nous nous occupions nous-mêmes de Papa à tour de rôle. C’était si intense que nous nous sommes vite rendu compte qu’elle ne pouvait pas continuer ». Pendant la convalescence de leur mère, leur père est entré en maison de retraite. Betty a continué à rendre visite à Léonard deux à trois fois par semaine, continuant à laver son linge à la maison, jusqu’à ce qu’il s’éteigne cinq mois plus tard.

Washington Post, 25 mai 2010. www.kaiserhealthnews.org, 27 mai 2010.