Aidantes naturelles

Société inclusive

Date de rédaction :
25 mars 2011

« La dépendance fait genre », écrit Florence Leduc, dans AgeVillage. « Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, mais en moyenne, les années de vie supplémentaires sont aussi des années de fragilité ; cette fragilité est nommée aujourd’hui ! Elle s’appelle : déficiences sensorielles, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose, dépression, doublée aussi d’une fragilité financière lorsque ces femmes sont seules ou survivent à leur époux. Si on parle de la maladie d’Alzheimer, alors là les femmes sont majoritaires si l’on combine fragilité, risques, espérance de vie  (…) Et si on s’attelait à les prévenir ces fragilités, ou tout du moins à en amoindrir la portée ? ». Lorsque l’aidant est une femme, on dit que c’est naturel, souligne Florence Leduc. « De naturel à normal et de normal à obligatoire, il n’y a qu’un pas ! Or, qu’y a-t-il de naturel à devenir pour son conjoint, son parent ou son enfant un soignant, un aidant, un rééducateur, un habilleur… au détriment de la préservation du lien initial entre deux êtres. Qu’y a-t-il de normal à renoncer à sa vie sociale, à son travail (là encore, les femmes sont particulièrement touchées, sans parler des répercussions sur la retraite), à ses amis, à ses, loisirs, à son implication dans la société ; qu’y a-t-il de normal, dans certains cas  à perdre la santé physique et psychique, à être assignée à résidence, dans ces intérieurs où l’épuisement des uns comme des autres nous raconte des histoires de risques… sachant que certaines aidantes meurent avant la personne qu’elles aident. Et, cerise sur le gâteau ces grandes aidantes se sentiraient coupables de n’en point faire assez. Pourquoi s’occuper de ces questions, alors qu’elles ont à voir avec la vie privée, dans l’intimité des foyers, des familles et des proches ?
C’est que, quand il s’agit de vulnérabilité, quand il s’agit de tant et tant de personnes concernées, on peut alors considérer qu’il s’agit d’une question sociétale, et que cela ne concerne donc pas seulement et exclusivement la sphère privée », écrit Florence Leduc, qui en appelle « à penser à la façon dont la société entend prendre en soin les plus vulnérables et leurs proches, à leur assurer une qualité de vie, dans cette dignité, intrinsèque à l’humain(e) que la société se doit de cultiver ».

www.agevillagepro.com, 4 avril 2011.