Afrique sub-saharienne : quelles politiques pour la maladie d’Alzheimer ?

Alzheimer’s Disease International (ADI) qui réunit les associations nationales Alzheimer, n’est pas parvenu en 37 ans à fédérer les actions en Afrique subsaharienne : seules 7 nations sont devenues membres d’ADI sur les 39 possibles. La stigmatisation y est très forte, explique Paola Barbarino, directrice générale d’ADI. Il est très difficile de trouver des personnes malades désireuses de s’exprimer : elles ne veulent pas révéler leur maladie. On parle dans ces pays de personnes âgées ayant des troubles mentaux qui sont accusées de sorcellerie et brûlées vives, ou enfermées de force. Sur le plan politique, les priorités concernent les questions relatives à la santé de la mère et de l’enfant, et la lutte contre les maladies infectieuses. Les maladies non-infectieuses et les questions relatives aux personnes âgées ne sont clairement pas une préoccupation dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. L’Observatoire mondial du vieillissement, des soins et de l’accompagnement de la démence, dirigé par le Pr Martin Prince du King’s College de Londres, estime à 2.13 millions le nombre de personnes vivant avec une démence dans cette zone géographique. Le contexte change : la population vieillit, la fertilité diminue, davantage de femmes travaillent, les populations migrent des campagnes vers les villes, d’un pays vers l’autre. Ces facteurs contribuent au changement du mode d’accompagnement traditionnellement assuré par la famille étendue. L’accès aux services de santé et à la protection sociale est limité.  De plus, les personnes âgées sont considérées comme ne contribuant pas à l’économie, et leur voix est habituellement ignorée. Pour Paola Barbarino, il y a là toutes les composantes d’une crise à venir.

Alzheimer’s Disease International. Dementia in sub-saharan Africa. Challenges and opportunities. Septembre 2017. www.alz.co.uk/news/dementia-in-sub-saharan-africa-challenges-and-opportunities (texte intégral).