Activités intergénérationnelles : quel bénéfice ? Pour qui ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Les activités intergénérationnelles sont à la mode », écrit la journaliste Florence Sahal. De nombreux EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) accueillent en leur sein des crèches. « Mais si le monde du grand âge est favorable à ces initiatives, ce n’est pas toujours le cas des professionnels de la petite enfance. » Michel Pozo, psychologue à l’EHPAD Les Cristallines, à Lyon, se souvient « d’un petit garçon de trois ans qui s’est approché d’une dame complètement apathique. L’enfant lui a pris la main et le visage de la dame s’est illuminé d’un grand sourire. Ce sont des moments magiques ! Les rencontres avec les enfants permettent aux malades d’Alzheimer de se reconnecter à la réalité et au lien social. Quels que soient les symptômes des résidents, je n’ai jamais vu, en près de dix ans, de gestes inadaptés envers les enfants. » Pour le psychologue, « les petits enfants ne voient pas les personnes âgées comme des malades, mais comme des personnes. Et à partir du moment où le malade Alzheimer est perçu comme une personne, il le ressent et n’a pas de comportement dérangeant. Nous pouvons accueillir des personnes agressives ou qui se mettent à pousser des cris, mais cela n’arrive jamais en présence des enfants. » La directrice de la crèche, Blandine Duteil, directrice de la crèche, est critique : la salle est trop petite pour amener beaucoup d’enfants auprès des aînés, les meubles sont trop grands, elle n’a pas suffisamment de personnel pour être avec les enfants dans deux lieux différents. Il y a donc trois ou quatre enfants pour au moins une dizaine de résidents âgés. « À cet âge, les enfants ont besoin de relations individualisées et non de se trouver au milieu d’un groupe. « Or les familles des résidents aiment beaucoup ces animations intergénérationnelles et incitent leurs proches à y participer. « Pour les personnes âgées ça fait un but dans l’après-midi, et ça fait parler surtout : “il est joli celui-là avec ses yeux bleus, et puis elle avec ses bouclettes” ; mais pour les petits, cela n’a aucun intérêt. Dans ce quartier, nous avons un public d’enfants favorisés, qui ne sont pas du tout en manque de papy ou de mamie ».
Doc’Alzheimer, juillet-septembre 2014.