Accompagner la fin de vie : qu’en pense un aumônier protestant ?
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Ulrich Rusen Weinhold, aumônier protestant du CHU de Nice et membre du bureau de l’Espace éthique azuréen, témoigne : « l’image générale accolée à l’aumônier et à un représentant du culte est très souvent celle d’un administrateur des rites et du messager de la mort. À la question posée par des soignants “est-ce que j’appelle l’aumônier pour vous ?”, la famille (et le grand malade) répond la plupart du temps : “non, on n’en est pas encore là ; il lui reste du temps à vivre.” Comme si l’aumônier n’était là que pour un rituel de fin de vie. Afin de partir en paix, de faire ses au revoir, il semble important pour le grand malade de revisiter sa vie et d’en faire une rétrospective. » Pour l’aumônier, c’est l’identité narrative, comme l’appelle Paul Ricœur, qui se construit à travers les récits ordinaires, récits de fiction ou récits historiques, son propre personnage mis en scène en même temps que l’histoire racontée. « Les récits bibliques et la tradition religieuse servent également à la reconstruction de la personne et à raconter son histoire. Ainsi la personne s’enracine elle-même, d’une part dans cette tradition de l’espérance face à la mort, et d’autre part elle l’adapte par son témoignage personnel. Les rites – des actes prédéfinis et stables qui sont porteurs d’un sens, d’un récit – soutiennent cette inscription dans la tradition religieuse et ses adaptations personnelles. Le rite est une façon de figurer l’indicible ; il tient son efficacité de la cohérence des symboles et de leur capacité à s’adresser à l’homme dans ses dimensions les plus sensibles (corps, sentiments…). »
Weinhold UR et Louveau Y. Accompagner la fin de vie : partage de réflexions par un accompagnateur JAMALV et un aumônier. Actualité et dossier en santé publique 2014 ; 89 : 46-47. Décembre 2014. www.hcsp.fr/explore.cgi/Adsp?clef=146.