A l’écoute d’Alzheimer, par petites touches
Société inclusive
C’est le titre d’un article de Pascale Santi, du Monde, dans la rubrique &Vous, qui met en avant l’accueil de jour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à la maison de retraite de La Salette-Bully (Rhône), qui accueille chaque semaine une cinquantaine de personnes. Lorsqu’elle s’occupe dans l’atelier cuisine, Mme Borel retrouve d’anciennes sensations : elle tenait un restaurant avant sa maladie : « c’est très sympathique, des personnes s’occupent de moi », dit-elle avec le sourire. « Ici, on est bien soigné, c’est tout », lance Claudia Granjard, qui vient deux fois par semaine. Une stagiaire lui fait une manucure. Dans une autre salle, deux personnes confectionnent des papillons en tissu et papier crépon. « On a le droit de ne rien faire », insiste Gaby Montoya, directrice de l’établissement depuis dix-sept ans. Pour raviver la mémoire, un terrain vague a été transformé en jardin. Plantes aromatiques, légumes et fruits poussent et sont récoltés par les résidents. C’est l’atelier jardin qui a été choisi par Le Monde pour illustrer l’article. « On ne sait pas comment soigner la maladie d’Alzheimer, on avance par petites touches, les soignants attendent des recettes, or il n’y en a pas. A nous de les trouver. Il y a autant de cas que d’individus. Les clés sont à chaque fois différentes », explique Gaby Montoya. L’une de ces clés est Kawane, un chien labrador qui vit dans la maison de retraite depuis 2009, et qui fait son tour le soir pour souhaiter bonne nuit aux pensionnaires. La nuit, justement, était anxiogène. Certaines personnes ne dormaient pas de la nuit et avaient juste besoin d’être rassurées ou de manger. On leur donnait des médicaments. L’équipe a changé d’approche : « aujourd’hui, on réfléchit sur l’accueil de nuit, notamment pour des personnes qui inversent les cycles de sommeil, ce qui permettrait aux aidants de se reposer, de passer une bonne nuit de temps en temps », explique la directrice. Dans certains cas, face au peu d’effet des médicaments, ceux-ci ont été arrêtés, en accord avec le médecin : « il vaut mieux passer du temps avec les résidents », estime Gaby Montoya.
Ce projet original d’introduire de la vie dans la structure, à l’intérieur et à l’extérieur, de jour comme de nuit, a été primé en 2010 par la Fondation Médéric Alzheimer.
Le Monde, 4 mai 2011.