Agir avant la dépendance

Prévention

Date de rédaction :
16 mai 2013

Comment repérer les personnes âgées fragiles ? Pour le Professeur Bruno Vellas, qui dirige le gérontopôle de Toulouse et qui organisait le premier congrès francophone dédié à la fragilité des personnes âgées, il y a plusieurs critères : « la grande sédentarité, une perte de poids involontaire, une vitesse de marche lente (plus de quatre secondes pour faire quatre mètres), un sentiment de fatigabilité qui fait qu’on ne veut plus sortir pour faire ses courses ou aller voir ses amis et une diminution de la force musculaire. Si la personne remplit un de ses critères, elle est pré-fragile. Si elle remplit trois critères ou plus, la fragilité est établie. Aujourd’hui, 30 % des personnes de plus de soixante-dix ans sont pré-fragiles ou fragiles ». Comment agir ? « D’abord en ciblant la population », répond le Professeur Vellas. « Puis en recherchant les causes de la fragilité : perte de l’audition, de la vue, dénutrition, trouble de la mémoire… Il ne faut plus dire : “j’ai quatre-vingts ans, c’est l’âge ». L’hôpital de jour, que nous avons créé en 2011, un des premiers au monde, a pour but de rechercher ces causes. Après, on peut mettre en place un programme personnalisé : prescription de lunettes, portage des repas, aide-ménagère… On agit ainsi avant le stade de la dépendance, on améliore la vie du patient, on fait des économies de dépenses de santé et on crée des emplois ! » Pourquoi a-t-on tardé ? demande Emmanuelle Rey, de La Dépêche. Bruno Vellas répond : « Parce qu’il y a vingt ans, la gériatrie n’était pas une discipline académique forte. Parce que les politiques de santé ont subi le vieillissement et qu’aujourd’hui il faut payer la dépendance et parce que l’industrie pharmaceutique commence à peine à s’y intéresser. En Midi-Pyrénées, nous allons d’ici 2014 déployer les hôpitaux de jour dans toutes les grandes villes ». Il estime que « 95% des forces de la gériatrie sont utilisées au stade de la dépendance, où il est bien difficile de regagner de l’autonomie, c’est-à-dire à un stade souvent bien tardif ». 

www.ladepeche.fr, 17 avril 2013.