Femmes immigrées âgées : une population ignorée

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
23 octobre 2014

« Peu nombreuses à avoir eu des itinéraires professionnels complets, elles ont souvent vécu à l’ombre de leur mari », écrit Caroline Helfter, d’Actualités sociales hebdomadaires. « “Ayant droit” de celui-ci jusque dans leur existence administrative, ces migrantes n’ont pas entretenu beaucoup de liens avec la société d’accueil. Aujourd’hui qu’elles ont vieilli, les immigrées des quartiers de la politique de la ville continuent à rester ignorées des politiques publiques. » « De fait, « se raconter, avoir la liberté de dire des choses sur soi et donner son avis sans autorisation préalable ne sont pas des actes ordinaires dans la vie de ces femmes », commente Evelyne Bouzzine, directrice du centre de ressources Politique de la ville en Essonne (CRPVE). Pour l’écrasante majorité des femmes rencontrées, l’avènement de la vieillesse s’annonce par un amoindrissement – précoce – des facultés. On devient vieille quand le corps lâche, « qu’il ne permet plus de satisfaire aux activités ordinaires (ménage, courses) qui faisaient l’honneur et la dignité des femmes dans ce type de communauté », souligne le sociologue Smaïn Laacher. Il existe « une ligne de partage entre les femmes qui vivent en France depuis longtemps et les rejoignantes de plus fraîche date. Les premières, Maghrébines ou Subsahariennes, auraient bénéficié de quelques cours d’alphabétisation et d’une plus grande familiarisation à la vie sociale et administrative française, notamment grâce à l’aide de leurs enfants. Elles sont relativement bien insérées dans des réseaux associatifs, connaissent un peu l’univers institutionnel des soins et peuvent se déplacer assez librement pour effectuer des démarches ou rendre visite à un voisin ou à un membre de la famille. Les secondes sont arrivées dans les années 2000 du Maroc ou d’Algérie », résume Caroline Helfter. Le plus souvent issues du monde rural, elles ont été très peu ou pas du tout à l’école. Leur seul univers est l’enceinte domestique, leurs seuls liens quotidiens, les liens familiaux (époux et enfants). Ces femmes assez peu connues des services sociaux sont le plus souvent absentes de l’espace public. Ce n’est pas uniquement de leur fait, mais en raison des réticences de leur mari à les laisser sortir. »

Actualités sociales hebdomadaires, 10 octobre 2014.