Une identité sociale continuellement interrogée

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
23 novembre 2014

« Il y a vingt ans, il suffisait d’interroger les anciens pour comprendre l’avancée en âge : c’était stable, avec des places et des rôles assignés à chacun. Sans idéaliser cette époque, ce recul nous montre combien aujourd’hui ces repères deviennent flous », écrit la sociologue Laurence Hardy, responsable du centre de ressources Askoria de Rennes. « Notre société valorise le changement et gomme les repères qui donnent les clés de lecture des rôles et des identités de chacun. Certains sociologues caractérisent ces transformations par une « fatigue d’être soi », dans le sens où l’identité sociale des personnes est continuellement interrogée, voire mise à mal. La maladie peut accentuer cette fragilisation et conduire à la stigmatisation et à l’exclusion sociale. Des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent avoir intériorisé ces risques de désaffiliation. Aussi, quand elles ont le sentiment d’être dépassées par les événements et qu’il n’y a rien d’autre à faire que de les subir, se refuser à réfléchir à ce qui arrive apparaît parfois comme un moyen de les supporter. » Pour la sociologue, « l’indifférence et le repli peuvent ainsi apparaître en tant que mécanismes défensifs de la perte de contrôle : l’angoisse est majorée par le sentiment de perdre tout contrôle qui va au-delà de la mémoire et qui va souvent renvoyer à une crise identitaire profonde.

Hardy L. Une société exclusive aménagée pour la personne « Alzheimer ». Doc’Alzheimer 2014 ; 15 : 11-13. Octobre-décembre 2014.