Les directives anticipées peuvent-elles devenir contraignantes ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
18 mars 2015

« Mourir et “mal mourir” font peur. Les directives anticipées sont un moyen de calmer cette angoisse », écrivent Robert Moulias, président de la commission Âge, droits, libertés, et ses collègues. « Elles font partie des éléments qui vont étayer la décision de débuter ou d’interrompre un traitement (mais non des soins). Des directives anticipées claires, précises, cohérentes peuvent faciliter l’art de soigner et d’accompagner. Cependant, il devrait être évident qu’elles ne peuvent pas imposer la démarche thérapeutique indiquée dans une situation corrigible et évolutive. Tout au plus, peuvent-elles signifier qu’en telles circonstances précises il ne sera pas fait usage de telle technique sans rechercher les moyens d’accompagner la douleur physique et la souffrance morale et sans évaluation et pondération rigoureuses des avantages et des inconvénients réels du traitement, c’est-à-dire sans le suivi des bonnes pratiques et de la décision collégiale que devraient respecter toute équipe. Nul ne peut prévoir toutes les nuances et évolutions d’une nouvelle situation pathologique, ni ses propres réactions – réactions, souvent inattendues – ni sa résilience ou sa démission face à cette situation nouvelle. Les directives anticipées sont évidemment à respecter dans leur esprit. Mais les rendre contraignantes aboutirait souvent à des impossibilités pratiques et à des situations contraires à l’éthique », affirme la commission Âge, droits, libertés, parce qu’elles ne pourront « jamais remplacer le consentement éclairé ou le refus éclairé ». « Évitons des morts absurdes », concluent Robert Moulias et ses collègues.

Moulias R et al. Les directives anticipées peuvent-elles devenir contraignantes ? Une impossibilité pratique et éthique. Communiqué de la Commission Age, Droits Liberté. Rev Gériatr 2015 ; 40(2) : 69-72. Février 2015.  www.revuedegeriatrie.fr.