L’innovation technologique doit impérativement s’accompagner d’une innovation sociale
Innovation
Fabrice Gzil, docteur en philosophie et responsable du pôle Études et recherche à la Fondation Médéric Alzheimer, rappelle que les nouvelles technologies peuvent contribuer à l’ « adaptation encapacitante » de l’environnement des personnes en situation de handicap cognitif. « On pense, par exemple, à l’allumage automatique des lampes à domicile si la personne malade se lève la nuit, ou aux technologies de lien social permettant aux personnes vivant en institution de rester en contact avec les membres de leur familles. » « Mais pour tenir compte de l’évolutivité des besoins et des attentes des personnes », estime le philosophe, « l’innovation technologique doit impérativement s’accompagner d’une innovation sociale. En effet, face à des handicaps évolutifs, une modification de l’environnement physique ou technique n’a de sens – et de chance de réussir – que si elle s’accompagne, conjointement, de modifications de l’environnement humain. Réfléchir à l’environnement de vie des personnes atteintes de démence (entendue ici comme handicap cognitif évolutif) conduit presque inévitablement à se poser des questions d’éthique : quelles valeurs cet environnement vise-t-il à promouvoir ? Et que promeut-il effectivement ? L’indépendance ou la discipline ? La sécurisation ou la sécurité à tout prix ? Le respect des seules exigences réglementaires ou le respect de la dignité des personnes, de leurs besoins et de leurs droits fondamentaux ? En outre, dès lors qu’on adopte une perspective “écologique”, la maladie d’Alzheimer ne se réduit plus à un problème de santé publique, appelant une réponse exclusivement ou principalement médicale, technique ou technologique. Elle devient un enjeu de société, qui nécessite aussi – et peut-être d’abord – une formidable capacité d’adaptation sociale. »
Gzil F. Prendre en compte l’environnement : une autre philosophie de l’accompagnement. Doc’Alzheimer hors-série 2014 ; 3 : 34-35. Août 2014.