Le corps, nouvel objet connecté ?

Innovation

Date de rédaction :
18 mars 2015

« Décidément, la numérisation de nos activités humaines n’a pas de limites : elle concerne désormais notre corps et ce que nous en faisons. C’est ce que l’on appelle le “quantified self” ou “quantification de soi”, écrivait en 2014 Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL, pour présenter les travaux prospectifs de l’organisation concernant l’Internet des objets et la « mise en données du monde ». « Sous cette expression quelque peu sibylline, sont visées des pratiques variées mais qui ont toutes pour point commun pour leurs adeptes, de mesurer et de comparer avec d’autres des variables relatives à notre mode de vie : nutrition, exercice physique, sommeil, mais aussi pourquoi pas son humeur, etc. Reposant de plus en plus sur l’utilisation de capteurs corporels connectés – bracelets, podomètres, balances, tensiomètres, etc. – et d’applications sur mobiles, ces pratiques volontaires d’auto-quantification se caractérisent par des modes de capture des données de plus en plus automatisés, et par le partage et la circulation de volumes considérables de données personnelles. Ce phénomène se développe à l’initiative des individus eux-mêmes et aussi, en raison des modèles économiques des acteurs investissant ce marché. » Nouvelles pratiques individuelles, écosystème et jeux d’acteurs, axes de régulation : le comité de prospective de la CNIL propose, sur le mode du récit (storytelling), trois scénarios imaginant des futurs plausibles de l’homme dans un univers de capteurs. Dans la préface de l’ouvrage, Antoinette Rouvroy, chercheur en philosophie du droit et membre du comité de prospective de la CNIL, observe que « les pratiques de quantification dans le domaine de la santé favorisent la microgestion individuelle de la santé au détriment d’une appréhension plus collective. Elles font des individus des entrepreneurs d’eux-mêmes responsables de leur bon ou mauvais comportement de santé, et peuvent distraire l’attention des causes environnementales ou socioéconomiques des problèmes de santé publique. Or le design pourrait aussi faciliter, plutôt que le perfectionnisme sanitaire individuel, la délibération collective sur les déterminants – non seulement comportementaux, mais aussi environnementaux et socio-économiques – de la santé et du bien-être. »

Les EHPAD à l’heure des nouvelles technologies. Supplément thématique. Mensuel des maisons de retraite 2015 ; 179 : S9-S12. Mars 2015. CNIL. Le corps, nouvel objet connecté. Du quantified self à la m-santé : les nouveaux territoires de la mise en données du monde. Cahiers Innovation et prospective n°2, 2014.

www.cnil.fr/fileadmin/documents/La_CNIL/publications/DEIP/CNIL_CAHIERS_IP2_WEB.pdf.