Le contrôle cognitif de la douleur

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Date de rédaction :
19 novembre 2013

L’ensemble des régions de l’insula postérieure, de l’opercule pariétal médian, du gyrus cingulaire médian et du cortex primaire sensoriel constituent la « matrice nociceptive » primaire, qui permet l’encodage sensoriel, l’orientation et les mouvements de retrait, expliquent Luis Garcia-Larrea et Roland Peyron, du service d’intégration centrale de la douleur chez l’homme au centre de recherche en neurologie de Lyon. Mais ce réseau, qui est activé même chez des patients en état végétatif, n’est pas suffisant pour la perception consciente de la douleur. Pour avoir un contrôle cognitif de la douleur, il faut deux matrices supplémentaires. La matrice de deuxième ordre peut moduler la perception de la douleur (l’augmenter ou la diminuer), par des réactions conscientes impliquant la région pariétale postérieure et la région frontolatérale (en se concentrant ou en se distrayant de cette douleur) ; par des réactions végétatives (contraction de l’estomac) ; en donnant des informations au cortex insulaire. La matrice de troisième ordre permet une réappréciation (reappraisal) de la perception : l’état interne, les convictions religieuses ou politiques, la capacité de se rappeler une douleur que l’on a déjà eue, peuvent également modifier la douleur. Ce réseau est différent des deux autres, notamment en temps de réaction et d’expérience subjective. En particulier, voir quelqu’un d’autre souffrir augmente la douleur subjective lorsqu’on a déjà mal (hyperalgésie compassionnelle). Cet effet est spécifique à des images montrant une douleur humaine. Les zones cérébrales activées sont des zones de haut niveau, impliquant une intégration multisensorielle (cortex temporo-pariétal), l’encodage des états internes (cortex préfrontal médian) et l’encodage dans la mémoire à court terme (cortex préfrontal dorsolatéral).

Garcia-Larrea L et Peyron R. Pain matrices and neuropathic pain matrices: A review. Pain, 8 septembre 2013. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24021862. Truini A, Garcia-Larrea L et al. Reappraising neuropathic pain in humans-how symptoms help disclose mechanisms. Nat Rev Neurol 2013 ; 9(10): 572-582. Octobre 2013. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24018479.