Presbyacousie : démarche diagnostique (1)

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Date de rédaction :
21 décembre 2013

« La presbyacousie est classiquement définie par une détérioration lente et progressive de l’audition, en rapport avec le vieillissement physiologique des structures auditives périphériques. Mais la réalité est bien plus complexe, car ce processus est ubiquitaire et intéresse également le système auditif central et le système cognitif », explique Xavier Perrot, adjoint au chef de service d’audiologie et explorations orofaciales du Centre hospitalier Lyon-Sud, et membre d’honneur du Groupe de recherche Alzheimer presbyacousie (GRAPsanté). Sur le plan épidémiologique, il souligne trois points importants : près de la moitié des personnes âgées de plus de soixante-quinze ans ont des troubles auditifs, mais seules 20% des personnes âgées malentendantes sont appareillées ; le vieillissement sensoriel ne se limite pas au système auditif, mais touche également le système visuel, avec une augmentation de la prévalence des déficits bimodaux avec l’âge ; les facteurs de risque de surdité, exogènes (bruit) ou endogènes (pathologies cardio-vasculaires) peuvent accélérer l’évolution vers la presbyacousie et en majorer les conséquences. Sur le plan physiopathologique, le vieillissement de l’oreille, principalement au niveau des cellules ciliées, entraîne une désafférentation auditive [interruption des sensations par absence d’influx nerveux], qui se combine aux modifications directes du système nerveux central (perte neuronale et déficit de neurotransmission) pour exprimer un phénotype de presbyacousie. Les conséquences perceptives sont alors de trois ordres : une diminution de l’audibilité (le patient n’entend pas), correspondant à une augmentation des seuils auditifs prédominante sur les fréquences aiguës ; une diminution des capacités de discrimination supraliminaire (le patient entend, mais ne comprend pas), correspondant à une dégradation de la perception des signaux audibles ; un phénomène de « recrutement » (le patient trouve qu’on lui parle trop fort), correspondant à un accroissement anormal de la sensation de sonie [perception auditive de la force du son, variant du seuil d’acuité au seuil de douleur] pour une faible augmentation d’intensité sonore. Quant au vieillissement cognitif, il entraîne une détérioration des processus impliqués dans la perception auditive, notamment les troubles attentionnels et les processus mnésiques, ce qui se traduit par une dégradation très nette des capacités de suppléance mentale, quand les conditions d’écoute deviennent difficiles, en milieu bruité [perturbé par un bruit de fond] et/ou concurrentiel [présence simultanée de plusieurs sources sonores]).

Perrot X. La presbyacousie : aspects cliniques et thérapeutiques. Rev Gériatrie 2013 ; 38(10) : 780-781.www.revuedegeriatrie.fr.