L’annonce du génotype influe sur l’évaluation subjective de la mémoire (2)
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Pour les auteurs du blog Mythe Alzheimer, « ces données confirment que les difficultés cognitives associées au vieillissement ne sont pas simplement le résultat de lésions cérébrales prétendues ou avérées, mais qu’elles découlent aussi, notamment, des croyances que les personnes âgées ont sur elles-mêmes et sur leur fonctionnement cognitif. » « Au vu du caractère tellement incertain des informations que ces biomarqueurs fournissent quant à la prédiction d’un déclin cognitif et son évolution, en informer les personnes âgées ne peut pas être réellement justifié en invoquant la possibilité qui leur est offerte de planifier leur futur en connaissance de cause. Cela ne peut pas non plus être justifié en considérant les bénéfices que pourraient tirer les personnes âgées d’un traitement pharmacologique ou d’une intervention cognitive. » Pour Anne-Claude Juillerat Van der Linden, chargée de cours à l’Université de Genève et Martial Van der Linden, professeur de psychologie clinique aux Universités de Genève et de Liège, « il n’est nul besoin de disposer d’un diagnostic de « déficit cognitif léger » ou des informations fournies par d’éventuels marqueurs biologiques pour encourager la mise en place de mesures de prévention (en lien avec les facteurs de risque vasculaires, l’activité physique, l’engagement social, les activités cognitives stimulantes, la réduction du stress, l’influence des stéréotypes, la vision négative des autres, etc.) visant à différer et/ou atténuer les manifestations problématiques du vieillissement cérébral/cognitif. »
Jason Karlawish, du département d’éthique médicale de l’Université de Pennsylvanie, et Robert Green, de la division de génétique à l’Université Harvard de Boston (Etats-Unis), écrivent : « alors que la psychiatrie et la neurologie font un bond dans l’ère de la médecine personnalisée, les résultats de ce type d’études nous montrent que nous devons aussi examiner comment ce nouveau modèle de médecine et de soins médicaux affectera la santé et le bien-être de nos patients. Ils montrent aussi comment l’incapacité cognitive dans le vieillissement n’est pas simplement le résultat de lésions du cerveau, mais une rupture de l’homéostasie [régulation naturelle de l’organisme consistant à maintenir constants les paramètres biologiques (température, composition du sang, …) face aux modifications du milieu extérieur] entre l’individu, le cerveau et le monde dans lequel vit la personne ; bref, une perturbation de l’esprit (a disruption of the mind). »
http://mythe-alzheimer.over-blog.com, 9 juin 2014. Lineweaver TT et al. Effect of knowledge of APOE genotype on subjective and objective memory performance in healthy older adults. Am J Psychiatry 2014; 171(2): 201-208. 1er février 2014. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24170170. Karlawish J et Breen, RC. Minding the Aging Brain: Are We Ready for Personalized Medicine? Am J Psychiatry 2014; 171:137-139. http://ajp.psychiatryonline.org/article.aspx?articleid=1819677. www.doctissimo.fr, 10 juin 2014.