L’annonce du génotype influe sur l’évaluation subjective de la mémoire (1)
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La présence de la forme ε4 du gène de l’apolipoprotéine E (ApoE, une protéine transporteuse de lipides, impliquée dans le maintien des membranes des cellules nerveuses), localisé sur le chromosome 19, constitue le facteur de prédisposition génétique le plus important du risque de développer une maladie d’Alzheimer chez la personne âgée. Tara Lineweaver, du département de psychologie de l’Université Butler d’Indianapolis, en collaboration avec l’Université de Californie à San Diego (Etats-Unis), a observé, auprès de cent quarante-quatre personnes sans troubles cognitifs, que l’annonce du génotype et du risque génétique de démence modifiait les résultats des tests cognitifs. Les personnes âgées qui avaient pris connaissance de leur statut génotypique ε4 positif ont une évaluation subjective de leur mémoire plus négative et obtiennent un score de mémoire verbale plus faible que les personnes âgées ayant un statut génotypique ε4 positif mais qui n’en ont pas été informées. Les auteurs interprètent ces résultats en suggérant que le fait, pour les personnes âgées, de savoir qu’elles sont à risque de développer une maladie d’Alzheimer amènerait à des croyances négatives sur leurs capacités mnésiques, ce qui induirait un effort moindre (ou une moindre allocation de temps) dans la réalisation des tâches de mémoire, lesquelles étant perçues comme difficiles. Cette interprétation en termes de croyances est aussi appuyée par le fait que, sur l’ensemble des personnes âgées examinées, des corrélations significatives sont observées entre les évaluations subjectives de la mémoire et les performances mnésiques objectives.
Lineweaver TT et al. Effect of knowledge of APOE genotype on subjective and objective memory performance in healthy older adults. Am J Psychiatry 2014; 171(2): 201-208. 1er février 2014. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24170170. www.psychomedia.qc.ca, 29 mai 2014. http://mythe-alzheimer.over-blog.com, 9 juin 2014.