Presbyacousie : une installation sournoise

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Date de rédaction :
29 août 2014

Séverine Leusie, orthophoniste doctorante dont le travail de thèse est soutenu par le GRAPsanté (Groupe de recherche Alzheimer presbyacousie), rappelle l’évolution de la déficience auditive, qui est souvent confondue avec des troubles cognitifs. On distingue artificiellement trois périodes. Le stade 1 est une période sournoise « subclinique » [sans symptômes cliniquement apparents]. « A ce stade pré-symptomatique, rien n’alerte ni l’entourage, ni les professionnels de santé, ni le patient lui-même puisque tout le monde peut de temps à autre faire répéter une phrase mal comprise… Que les déficits soient minimes fait de ce stade une période plastique idéale pour l’adaptation aux aides auditives et pour la création d’automatismes de réhabilitation afin de préparer le patient et son aidant à savoir compenser les pertes auditives futures. Le stade 2 est une période symptomatique « clinique » perçue par l’entourage, qui doit augmenter l’intensité de sa voix ainsi que répéter pour être compris, et par les professionnels de l’audition grâce à l’acoumétrie et l’audiogramme. Mais cette période reste encore souvent contestée par le patient. La personne atteinte de presbyacousie la vit sans vraiment bien comprendre ce qui lui arrive. Pour lui, la communication n’est pas faite de « mal-entendus », mais de « mal-exprimés ». Une prise en charge qui débuterait à ce stade serait déjà beaucoup plus longue et difficile pour obtenir une récupération ad integrum des capacités fonctionnelles du système auditif. Le stade 3 est une période avancée dite « de complications » où la baisse d’audition est telle que le patient a maintenant conscience de ses difficultés auditives mais ignore qu’elles peuvent être à l’origine d’un isolement, d’une dépression, d’une mémoire qui flanche, d’une attention qui faiblit, d’une saute d’humeur, etc. Cette période est beaucoup plus limitée en termes de possibilités de récupération auditive. Des aménagements facilitant la communication sont alors nécessaires pour compléter la thérapeutique. Ces stades se chevauchent les uns les autres » : au niveau individuel, chaque presbyacousie est unique et le traitement doit être « sur mesure ».

La Lettre du GRAPsanté, septembre 2014.